Josée Legault - Paul St-Pierre Plamondon prêche dans le désert d’un électorat francophone dont la lune de miel avec la CAQ et François Legault persiste dans le temps.
Plus le déclin du Parti Québécois s’accélère, plus la promesse de son chef actuel de faire l’indépendance dans un « premier mandat », tel un évangéliste jurant que le messie s’en vient, sonne faux.
Au congrès du PQ tenu samedi à Trois-Rivières, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) avait beau marteler son désir ardent de faire le pays, il n’en prêchait pas moins dans le désert d’un électorat francophone dont la lune de miel avec la CAQ et François Legault persiste.
On peut certes saluer le retour des péquistes à leur véritable raison d’être. Leur vrai problème reste néanmoins entier. À de rares exceptions près, le PQ ayant lui-même balayé son option sous le tapis depuis plus de 20 ans, elle a fini par être évacuée des débats publics au Québec... et au Canada.
Qui plus est, de toute évidence, PSPP n’a pas l’armature intellectuelle et politique d’un Jacques Parizeau ou d’un René Lévesque. La lente dégringolade du PQ le précède cependant de très loin.
Pourtant, comme pour les libéraux propulsés eux aussi au trente-sixième dessous chez les francophones, le PQ existe. Il fut même un très grand parti, dirigé la plupart du temps par de très grands politiques.
Impossible donc de lui reprocher, à l’instar d’un PLQ lui-même vieux de 154 ans, de s’accrocher aux rideaux. En politique comme dans la vie, l’instinct de survie est irrépressible.
Pas la vraie raison
Après tout, si Québec solidaire peut bomber le torse avec 14 % à peine d’appuis chez les francophones, pourquoi pas le PQ à 16 % ?
Cela dit, face à des partis d’opposition faibles et peut-être trop nombreux pour une aussi petite population, la CAQ, trônant au sommet des sondages depuis le début de son mandat, n’a pas la moindre raison de s’inquiéter.
Un autre frein au PQ est le récit qu’on s’y fait des élections du 1er octobre 2018. Les péquistes semblent en effet s’être persuadés d’avoir chuté dramatiquement pour une seule raison.
Soit un désir des Québécois de se débarrasser des libéraux tellement fort qu’ils auraient choisi la CAQ avant tout, parce qu’ils l’ont crue capable de les défaire.
Et c’est peut-être dans ce même récit que réside la plus dangereuse des illusions pour le Parti Québécois.
Car si le PQ avait offert une alternative crédible au règne catastrophique de Philippe Couillard, n’est-ce pas vers lui qu’une part suffisante des francophones se serait tournée ? Poser la question...
Vide immense
La réalité est que la victoire caquiste n’est pas un accident de parcours ni le fruit d’un appui stratégique pour sortir les libéraux. La suite des choses l’aura amplement confirmé.
Idem pour le nombre élevé de transfuges péquistes passés dans le giron caquiste. Leur conversion à la CAQ n’a rien de temporaire ni de stratégique. Aucun d’entre eux ne s’attend à une éventuelle résurrection miraculeuse du PQ.
Au Parti Québécois, pour les derniers résistants, fort courageux, il faut le dire, le message envoyé par le passage à la CAQ de tant de leurs ex-compagnons de route est le plus dévastateur.
Au scrutin du 3 octobre 2022, sera-t-il également prémonitoire d’une énième débâcle du PQ ? À l’électorat d’en décider. D’ici là, une chose est sûre.
Même s’il en est le principal responsable, le déclin du seul grand parti aspirant au pouvoir pour faire l’indépendance du seul État de langue française en Amérique n’est pas une vulgaire note de bas de page.
Qu’on le partage ou non, un projet politique aussi audacieux ne s’étiole pas sans laisser un vide immense dans la longue quête existentielle du Québec.