Pas facile de réinventer le PLQ : Josée Legault

Josée Legault - La cheffe libérale Dominique Anglade ne l’a vraiment pas facile. Face à une CAQ indélogeable, la traversée du désert de son parti s’annonce longuette.

Au sortir du 34e congrès du PLQ, elle peut néanmoins s’enorgueillir d’avoir su donner un brin d’espoir à ses troupes inquiètes.

Avec le déclin continu du PQ et de son option ayant privé les libéraux de leur épouvantail habituel – et l’ère Couillard-Barrette les ayant plombés pour longtemps –, Mme Anglade savait qu’elle devait « réinventer » l’image durement amochée de son parti.

D’où son nouveau projet ÉCO pour la nationalisation de la production et de la distribution de l’hydrogène vert. Ses principaux objectifs sont toutefois plus à court terme.

1. Métamorphoser le PLQ en parti écologiste tout en jurant d’y marier un projet massif de développement économique – la marque de commerce classique de son parti.

2. Donner à ses troupes, qu’il soit réaliste ou non, un « projet de société » distinctif à vendre aux électeurs.

3. Aider les libéraux à patienter peut-être encore longtemps dans l’opposition. En 2013, le chef de la CAQ, François Legault, avait d’ailleurs fait la même chose avec son « Projet Saint-Laurent », oublié depuis.

Changer de carré de sable

4. Tenter de redorer le blason « progressiste » de son parti, bousillé par les années d’austérité sous Philippe Couillard. La lutte aux changements climatiques devenant une préoccupation mondiale nonobstant les étiquettes de gauche et de droite, elle le fait aussi sans « virer à gauche » pour autant.

Souvent éclipsée par le spectaculaire chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, malgré même qu’elle soit cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade pourra ainsi jouer sa propre carte « verte ».

5. Changer de carré de sable. La CAQ occupe déjà l’entièreté du terrain nationaliste et identitaire. Le PLQ est incapable de rivaliser. Avec son projet ÉCO, la cheffe libérale choisit un terrain moins fréquenté par la CAQ.

Elle le fait aussi parce que son parti, réduit comme une peau de chagrin à 10 % d’appuis chez les francophones, doit prendre soin de sa précieuse base anglophone. Sans elle, le PLQ s’effondrerait en effet.

D’où la position mitigée de Mme Anglade face au projet de loi caquiste sur la modernisation de la loi 101. La pire crainte des libéraux n’est-elle pas de voir une part de ses électeurs anglophones, découragés par la popularité stratosphérique de la CAQ, s’abstenir de voter au scrutin du 3 octobre 2022 ?

L’art de la survie

Maintenant, la question qui tue. La tentative de la cheffe libérale de réinventer son parti pendant que la lune de miel entre le gouvernement de François Legault et une majorité de francophones se poursuit, réussira-t-elle minimalement à sortir ses troupes de leur marasme ?

À court terme, parce qu’elle leur offre un projet concret, probablement. Le vrai problème l’attend cependant au lendemain du 3 octobre 2022.

Si Mme Anglade fait élire moins de libéraux que les 31 qui, au scrutin de 2018, avaient survécu au tsunami caquiste, elle risque de se réveiller sur un siège éjectable.

Mais si elle réussit à conserver ou à augmenter même modestement sa députation, tout en restant à l’opposition, elle aura remporté son pari. Le pari pour elle et son parti de tenir le coup.

Du moins, aussi longtemps que la traversée du désert ne sera pas terminée pour les libéraux. On appelle ça, je crois, l’art de la survie.

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