Josée Legault - Une troublante impression de permanence m’envahit. Cette phrase quasi prémonitoire, je l’ai écrite le 31 mars 2020. Deux semaines à peine après le déclenchement de l’urgence sanitaire.
Et de fait, nous ne sommes toujours pas sortis de l’auberge covidienne. Après le variant Delta nous arrive le mystérieux Omicron. Et le suivant, comment l’appellera-t-on ?
La découverte inespérée de vaccins est pourtant venue dès la fin 2020. Nous savons que la COVID-19 se propage surtout par voie aérienne. Nous avons donc aussi appris à porter le masque.
Or, presque deux ans plus tard, l’usure gagne inévitablement du terrain. Résultat : le respect des mesures sanitaires s’oublie plus souvent. Le masque porté sous le nez ou le menton n’est plus l’exception.
Face à l’inconnu du nouveau variant, le ministre de la Santé, Christian Dubé, demande néanmoins aux Québécois d’être plus vigilants et prudents. « Il faut apprendre à vivre avec le virus », a-t-il ajouté avec raison. Sauf que la prudence, par épuisement, s’effrite.
« Vivre avec le virus » commande aussi une attitude proactive des autorités politiques et de santé publique. Mieux ventiler les écoles. Continuer à y porter le masque. Rendre les tests rapides ENFIN disponibles aux Québécois, comme en Ontario, en pharmacie ou autrement. Etc.
Troisième dose
Puis, il y a la fameuse troisième dose de vaccin. De plus en plus d’États, dont la France et le Royaume-Uni, l’offrent déjà à tous les adultes de 18 ans et plus. Aux États-Unis, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies le recommande dorénavant.
Au Québec, on attend. Encore. La troisième dose, ou dose de rappel, est offerte, mais à des tranches très limitées de la population. Si d’autres États bougent rapidement pour en élargir l’accès, ce n’est pourtant pas par frivolité.
Il est vrai qu’on ne sait pas encore si ou comment la protection des vaccins tiendra face au variant Omicron, mais on sait ceci. Des études scientifiques montrent qu’autour de six mois suivant la deuxième dose, l’immunité conférée par le vaccin commence à diminuer. D’où l’importance de la troisième dose.
C’est pourquoi les experts sont de plus en plus nombreux à la prôner pour tous les adultes. À l’émission Tout un matin, le Dr André Veillette, chercheur en immunologie, expliquait pourquoi il faut « accélérer » la troisième dose.
« Elle augmente considérablement le niveau d’anticorps », note-t-il, voire « jusqu’à 25 fois plus haut ». D’ajouter que la troisième dose « pourrait donc être très utile » face au variant Omicron, « même si un jour, il va falloir avoir un vaccin adapté aux variants ».
Or, précise-t-il, le problème est que ces vaccins adaptés pourraient prendre des mois avant d’être prêts. La COVID-19 et ses variants, eux, n’attendront pas.
Agir sur plusieurs fronts
Quant à l’argument voulant que les pays riches doivent se priver d’une troisième dose pour assurer une vaccination plus élevée dans les pays pauvres, la question semble être pas mal plus complexe qu’elle n’y paraît.
Dans plusieurs pays pauvres, les infrastructures pour vacciner sont en effet rares. C’est là que l’Occident doit aussi leur prêter main-forte. Cela dit, les gouvernements occidentaux peuvent très bien marcher et mâcher de la gomme en même temps.
Ils doivent mieux protéger leurs citoyens avec une troisième dose tout en aidant nettement plus les pays pauvres à vacciner les leurs.
Cette pandémie mondiale s’étiolera sûrement un jour. D’ici là, au Québec, l’attentisme typique de notre santé publique depuis le début de la crise n’est tout simplement pas une option.