Josée Legault - La pandémie a beau avoir aggravé la crise du logement, il n’en reste pas moins que le problème s’incruste depuis des années. Et qu’ils ont peu fait pour la contrer.
Le coude à coude entre la mairesse sortante Valérie Plante et l’ex-maire Denis Coderre est bien réel. Peut-il toutefois encore durer ? Diffusé hier soir à Radio-Canada, face aux 27 % d’indécis, le débat les opposant leur aura sûrement permis de se distinguer de manière plus marquée.
Animé par Patrice Roy, les enjeux y étaient bien campés, les questions pertinentes et les réponses, claires. À l’opposé du Face-à-Face TVA, la mairesse Plante s’est enfin retenue d’interrompre son adversaire à répétition. Les échanges ont ainsi gagné en qualité.
Parce qu’il pouvait s’exprimer plus librement, ce ton plus posé a fait que Denis Coderre sort de l’exercice avec un certain avantage. Résultat : le choix entre Valérie Plante et Denis Coderre se clarifie.
Même si, il faut le dire, ce match revanche entre une mairesse sortante et un ex-maire défait par celle-ci prend nécessairement des airs de déjà-vu. Les deux ayant occupé la mairie, chacun traînant ses propres casseroles.
D’où la crédibilité qu’ils peinent à rétablir dans des dossiers importants lorsqu’au pouvoir, ils n’ont pas agi ou trop peu. Tout d’abord sur la crise du logement – l’enjeu primordial de cette élection.
Crise du logement
La pandémie a beau avoir aggravé le problème, il n’en reste pas moins que le problème s’incruste depuis des années. Et qu’ils ont peu fait pour la contrer.
Hier soir, Valérie Plante semblait mieux préparée à tenter d’amoindrir la crise. Sur l’inaccessibilité croissante à la propriété – ou la torontoïsation de Montréal –, Denis Coderre s’est toutefois démarqué.
En dénonçant l’imposition d’une « taxe de bienvenue » dans un contexte aussi difficile pour les acheteurs, l’ex-maire s’est montré plus lucide et proactif.
Contrairement à la mairesse, il s’est aussi dit prêt à reconnaître l’existence de certaines problématiques inquiétantes. La ville est sale et moins sécuritaire, a-t-il lancé avec raison.
Idem pour le déglaçage déficient des trottoirs – un problème sérieux de sécurité physique pour plusieurs Montréalais. Au moment où les urgences sont plus bondées que jamais, ça mérite une solution efficace.
Sur la mobilité et le transport collectif, là aussi, la pandémie a changé la donne. En confinement, des Montréalais ont découvert la nécessité d’avoir accès soit à une voiture, soit à des pistes cyclables sécuritaires pour les saisons moins froides.
Style de leadership
En débat, Valérie Plante s’est imposée comme la mairesse des vélos et de la multiplication des pistes cyclables. C’est la marque de commerce de son parti, Projet Montréal.
Insistant sur une « cohabitation » plus respectueuse à bâtir entre piétons, automobilistes et cyclistes, Denis Coderre a quant à lui marqué des points.
Sur l’itinérance, laquelle prend des proportions alarmantes dans les quartiers centraux, Valérie Plante et Denis Coderre ont offert peu d’espoir concret. L’enjeu est complexe, mais on s’attendrait tout de même à des plans d’action mieux fignolés de la part des deux candidats.
En conclusion, la question leur a été posée sur leur style de leadership et surtout, les leçons qu’ils ont retenues de leur passage au pouvoir.
De l’échec cinglant de la Formule E sous sa mairie, M. Coderre dit avoir appris la différence entre la détermination et l’arrogance. Comme quoi, il semble avoir compris que cette dernière était de loin ce qui avait précipité sa défaite.
Mme Plante, prenant exemple de la pandémie, s’est présentée comme étant devenue plus « bienveillante ». Comme quoi, pour sa part, elle aurait peut-être pris conscience de son côté trop « idéologique ». Aux Montréalais d’en juger maintenant.