Vaccination: à quoi jouent les syndicats? Josée Legault

Josée Legault - Christian Dubé lors de la commission parlementaire à l’Assemblée nationale au sujet de la vaccination obligatoire.

Proposée par le gouvernement Legault, la vaccination obligatoire de tous les soignants en contact avec des citoyens, au public comme au privé, devrait tomber sous le sens, non ?

Après 18 mois d’une pandémie usante à l’os, en pleine 4e vague et face au variant ultracontagieux nommé Delta, c’est du moins ce qu’on aurait cru. D’autant plus qu’il reste des milliers de soignants non encore vaccinés.

On aurait pensé qu’il en va d’un devoir moral et éthique de protection de la population dans son entier, incluant les aînés, les personnes immunosupprimées ou adultes handicapés.

Or, la semaine dernière, en commission parlementaire sur le sujet, c’était le monde à l’envers. Tristement à l’envers.

D’un côté, des fédérations de médecins plaidant la vaccination obligatoire de tous les soignants avec sanctions pour les récalcitrants, qu’ils soient en contact ou non avec les citoyens. Objectif : protéger la santé des patients, des résidents de ressources d’hébergement et des autres soignants vaccinés.

De l’autre, des syndicats, dont la CSN, s’y opposant au nom de la « liberté » de leurs membres à refuser le vaccin. Leur désolidarisation étonnante d’un Québec épuisé est irresponsable. Voire même désespérante.

Nécessaire

Dans ce monde sens dessus dessous, les médecins, pourtant vus comme des « entrepreneurs » centrés tout d’abord sur leurs intérêts pécuniaires, défendent avec altruisme la prédominance des droits collectifs de la société et du bien commun sur les droits individuels de chaque soignant.

Au détriment des droits collectifs de la société, des représentants de certains syndicats plaident au contraire pour le droit, purement individuel de chacun de leurs membres le désirant, de refuser le vaccin.

Ils brandissent même la menace de multiples griefs et contestations judiciaires. Quelle mouche les a donc piqués ? Là-dessus, je le redis. Je demeure pro-syndicats. Sur cet enjeu social majeur, j’avoue cependant en perdre mon latin. Sur quelle planète vivent-ils ?

Nouveau compagnon de route

Que pensent-ils d’entendre le chef conservateur Erin O’Toole, opposé lui aussi à la vaccination obligatoire, se vanter maintenant d’avoir la « même position que les syndicats » ? Que pensent-ils de leur nouveau compagnon de route ?

Que pensent-ils de voir Jagmeet Singh, chef d’un NPD proche des syndicats, appuyer néanmoins la vaccination obligatoire ?

Dans ce fouillis qui, malheureusement, s’amplifie – propre aussi, soit dit en passant, à nourrir les antivax les plus déconnectés du réel –, même le chef du Parti québécois y ajoute son grain de sel.

Paul St-Pierre Plamondon se dit favorable à la vaccination obligatoire des soignants, mais contre toute sanction. En lieu et place, il propose d’imposer un test de dépistage par jour à tous les soignants non vaccinés.

Bref, d’accommoder pleinement, en temps et fonds publics, la minorité troublante de soignants récalcitrants au vaccin sans raison médicale valable ? Ce n’est pas sérieux.

PSPP a raison toutefois sur un élément. Cette pandémie, on le sait, est loin d’être terminée. Raison de plus, pourtant, d’imposer la vaccination aux soignants avec sanctions dissuasives.

Lorsqu’on ajoute au portrait les reportages troublants sur des soignants complotistes ou refusant le vaccin parce que « Jésus les protège », on se demande bien qui pourra remettre bientôt de l’ordre dans cette maison qui rend fou. Car il le faudra bien.

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