Josée Legault - Commençons par la bonne nouvelle. Après les avoir relégués au 8e rang sur 10 dans l’ordre de priorisation,
le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) autorise enfin la vaccination des adultes vivant avec une déficience intellectuelle, l’autisme ou un handicap physique.
Proche aidante de ma sœur déficiente intellectuelle, le 26 février, je rappelais ici même l’urgence de le faire. Des études scientifiques confirmant la haute vulnérabilité des personnes handicapées face à la COVID-19.
Privées de leurs activités, loisirs et services, depuis plus d’un an, elles vivent en plus un enfermement inhumain qui, chez plusieurs, provoque des régressions comportementales et cognitives.
Si j’ai pris la plume, c’est parce que depuis des mois, de multiples familles comme la mienne crient leur désarroi sur les médias sociaux. La semaine dernière, les médias ont aussi multiplié les reportages montrant crûment cette réalité trop souvent ignorée.
En entrevue avec le chef d’antenne Patrice Roy, j’ai également expliqué à quel point la vie, pour nous tous, s’est arrêtée en mars 2020. De partout s’est ensuivie une vague bouleversante de soutien et d’empathie.
Cette grave injustice, les Québécois la voyaient maintenant au grand jour. Pour les personnes handicapées et leurs familles, ce fut un trop rare moment où, pour une fois, on entendait NOTRE réalité.
Enfin
Mercredi, le gouvernement Legault y répondait enfin positivement. En avril, les adultes handicapés intellectuels et/ou physiques pourront être vaccinés. C’est l’espoir de retrouver l’espoir de vivre...
Majeur, ce premier pas fut accueilli avec bonheur. Parce qu’il se limite aux adultes handicapés vivant en ressource d’hébergement, il est néanmoins incomplet.
Ailleurs, incluant la France, la Grande-Bretagne, plusieurs États américains et d’autres provinces canadiennes, les gouvernements ont pourtant priorisé la vaccination de tous les adultes déficients intellectuels, qu’ils soient en résidence ou en famille.
La raison est simple. Quel que soit leur milieu de vie, face à la COVID-19, ils sont exposés à la même dangerosité et subissent le même isolement débilitant depuis plus d’un an.
L’arbitraire règne
D’où la déception exprimée par des familles exclues de cette mesure et les organismes de défense des personnes handicapées. Or, en même temps, à travers le Québec, l’arbitraire règne sur la vaccination des personnes handicapées intellectuelles, qu’elles vivent en famille ou en résidence.
Tout dépend du bon vouloir de chaque CIUSSS ou CLSC. Parmi celles vivant dans leur famille, certaines se voient refuser le vaccin. D’autres, au contraire, même très jeunes, ont déjà été vaccinées avec leurs proches aidants aussi. D’autres le seront dès demain et dans les prochains jours.
Dans les ressources d’hébergement, c’est le même fouillis. Pour certaines, tous leurs résidents sont déjà vaccinés, jeunes ou vieux. Pour d’autres, seulement ceux de plus de 65 ans l’ont été pendant que les autres attendent sans savoir la date où elles le seront. Etc.
Bref, seule une directive claire du MSSS priorisant la vaccination rapide de tous les adultes handicapés intellectuels, vivant en résidence ou en famille, mettrait fin à ce méli-mélo aussi injuste qu’inexplicable.
Avec les variants, l’urgence est d’autant plus aiguë. C’est le dernier pas à franchir, comme ailleurs en Occident. C’est une question de science, d’équité et d’humanisme.