La rentrée de tous les dangers - Josée Legault

Josée Legault  Mercredi, 16 septembre 2020 05:00 - Se disant « très inquiet », François Legault lançait hier son énième appel à la « solidarité des Québécois »

Voyant la propagation communautaire de la COVID-19 s’étendre, Justin Trudeau a dit les choses crûment : « Ce qu’on est en train de voir dans les chiffres, ces jours-ci, devrait inquiéter tout le monde ». Noté.

Se disant lui aussi « très inquiet », sur fond d’une rentrée parlementaire sous le sceau de la pandémie, François Legault lançait hier son énième appel à la « solidarité des Québécois ».

Sa demande : réduire les contacts et rassemblements, même privés. Sa crainte ? Que le réseau de santé craque si le nombre de cas continue de grimper. Après des mois, même le système de dépistage et de traçage n’est toujours pas fonctionnel.

Le ministre Christian Dubé ne s’en cache même pas : « on a un réseau de santé qui est très fragile ». Étrange comment le constat, pourtant inacceptable pour une société avancée comme le Québec, n’étonne plus personne.

Le Québec étant l’épicentre canadien du coronavirus et la deuxième vague se pointant, les attentes envers le gouvernement Legault s’annoncent élevées.

Pas oubliés

Les milliers de femmes et d’hommes morts seuls du virus en CHSLD ou en résidences privées ne sont pas oubliés non plus. C’est pourquoi, malgré sa grande popularité, le premier ministre Legault risque d’être moins seul sur la glace politique qu’il ne l’était au printemps.

Même affaiblis, les partis d’opposition le talonneront nettement plus sur sa gestion de la crise sanitaire. Sur le terrain partisan, il en va de leur propre visibilité, mais aussi de leur volonté réelle à mieux contribuer au combat contre la COVID-19.

Si la pandémie est mondiale, partout, sa « gestion » est locale.

À vrai dire, l’appel de François Legault prend des airs d’aveu larvé. Depuis le déconfinement, son gouvernement, comme d’autres, peine à contenir la propagation communautaire de la COVID-19. L’été et les vacances ont fait le reste.

L’adversaire nommé « fatigue »

Le virus est l’ennemi invisible, mais l’adversaire, lui, est plus diffus encore. L’adversaire se nomme « fatigue ». Après six mois de crise, on la sent un peu partout.

Combien de gens sont aussi en détresse psychologique ? Combien de proches aidants sont épuisés ? Pendant ce temps, d’autres préfèrent le déni. D’autres encore, l’insouciance.

Chez de jeunes adultes, comme Néron jouant du violon pendant que Rome brûlait, les fêtes se multiplient comme si de rien n’était. Et que dire du mouvement antimasques qui, dans les faits, gagne du terrain en Occident ?

On porte le masque là où il est obligatoire, mais ailleurs, incluant dans le privé, combien d’entre nous, volontairement ou pas, faisons fi des consignes sanitaires ?

D’où la dernière stratégie de communication du gouvernement : tenter de conscientiser la population par des zones d’alertes allant du vert au rouge.

Lorsqu’un gouvernement a du temps devant lui, chercher à convaincre, au lieu de contraindre, est sûrement préférable. Le vrai problème est que le luxe du temps, ni le Québec ni la planète ne l’ont vraiment.

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