Le mystère du Québec - Josée Legault

Josée Legault Vendredi, 9 octobre 2020 05:00 - Comment se fait-il qu’en deuxième vague, le Québec soit encore l’épicentre canadien de la COVID-19 ? S’il existait une seule réponse, simple et évidente, la recette du redressement serait vite trouvée. 

La réalité est que l’état des choses est le produit de plusieurs facteurs. Certains relèvent du gouvernement Legault. D’autres, de l’état lamentable du système de santé légué par le duo Couillard-Barrette. 

D’autres, selon des sondages sur les comportements des Canadiens, d’une proportion plus élevée de Québécois qui, depuis le déconfinement, négligent les consignes sanitaires. 

L’effet cumulé de l’ensemble donne une tempête parfaite. Face à la pandémie, au sein du Canada, notre société « distincte » se distingue à nouveau par la négative. 

Depuis le début de la crise et avec la fin du confinement, on peut certes attribuer un certain nombre de ratés au gouvernement Legault, dont ceux-ci. Une communication publique devenue confuse. Des hésitations répétées avant d’imposer des mesures coercitives pourtant nécessaires en prévention. 

Confusion 

Une santé publique nationale dont le patron, Horacio Arruda, au lieu d’être indépendant politiquement, est sous-ministre. Ses messages initiaux exhortant les gens à ne pas porter le masque avaient aussi semé la confusion.

Or, on savait déjà que des asymptomatiques pouvaient être contagieux. Idem pour l’utilité connue du masque contre les virus respiratoires. Ma propre première chronique sur le sujet date de la mi-mars... 

Devant l’hécatombe printanière en CHSLD, le choix de scinder la société en deux dans les points de presse – d’un côté, des aînés fragiles et de l’autre, la communauté moins atteinte – a contribué à déresponsabiliser les jeunes.

La mobilité persistante du personnel entre établissements en a fait des vecteurs de contagion. Le déconfinement fut pressé et le système de traçage, lent.  

La discrétion estivale du gouvernement aurait-elle aussi facilité le relâchement d’une partie des Québécois ? Lequel perdure depuis.  

Exploit herculéen 

Cela dit, sous la commande de François Legault, des milliers de nouveaux préposés aux bénéficiaires pour les CHSLD ont été recrutés et formés. Un exploit herculéen.  

Surtout, il a dû faire avec les effets dévastateurs des années d’austérité en santé. À cause des « réformes » Barrette, il s’est aussi buté au manque installé d’imputabilité et d’adaptabilité dans la bureaucratie ultra-centralisée des CISSS et CIUSSS.

En situation constante d’urgence, l’action du gouvernement s’en est vue considérablement ralentie. Difficile de rouler à vitesse grand V avec un réseau dont le moteur tourne dans le vide d’un organigramme éléphantesque.

Une chose est sûre. Un jour, des enquêtes nous en diront bien plus encore. De toute évidence, rien n’est simple. 

Après six mois d’une pandémie mondiale, la cellule de crise sous M. Legault, je le redis, bénéficierait sûrement d’un ajout de « sang neuf ». Hier, le Globe and Mail proposait d’ailleurs la même chose à son homologue ontarien, Doug Ford. 

Le temps court toutefois. Cette part, elle nous appartient aussi : réduisons au maximum nos contacts sociaux non essentiels et suivons les consignes. Aussi longtemps qu’il le faudra... 

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