Josée Legault Mercredi, 3 février 2021 05:00 - La diminution relative du nombre de cas de la COVID-19 au Québec serait-elle un miroir aux alouettes ou l’amorce d’une stabilisation plus rassurante ?
Sur fond de l’arrivée inquiétante de nouveaux variants ultra contagieux et d’une vaccination au compte-gouttes, les prochaines semaines le diront bien assez vite.
Annoncé hier par le premier ministre François Legault, ce qu’il qualifie de « petit déconfinement très graduel », décliné en plus selon les régions, est un pari risqué. Aussi « calculé » soit-il dans les circonstances.
Car s’il devait y avoir une nouvelle flambée du virus, ne nous racontons pas d’histoire. Le gouvernement devra confiner vite à nouveau.
Une chose semble toutefois acquise : l’effet dissuasif du couvre-feu, combiné à la fermeture de plusieurs lieux publics depuis quelques semaines, aura contribué à la baisse des cas.
Sans lunettes roses, la réalité est néanmoins que le « marathon » contre la pandémie s’annonce nettement plus long qu’on l’escomptait. Les conditions souhaitées pour en sortir d’ici peu ayant pour ainsi dire disparu.
Tout plein d’inconnues
D’Ottawa, les vaccins se font rares. Au Québec, des caisses de tests rapides croupissent, on ne sait trop pourquoi. Au lieu de prévoir donner la deuxième dose des vaccins de 21 à 42 jours plus tard, comme prescrit par les fabricants, on étire aussi le délai jusqu’à un maximum de 90 jours.
Or, selon plusieurs experts, cela pourrait affaiblir l’immunité des vaccinés et provoquer l’apparition d’autres variants. Sans compter les écoles publiques, toujours en attente d’actions décisives pour limiter la propagation du virus par aérosols.
Pas étonnant que notre psychologie collective et individuelle en sorte déboussolée et épuisée. Devant la réalité, depuis le grand confinement de la première vague, cette nouvelle annonce semble cependant être la mieux raisonnée et la plus chirurgicale.
Voire même la plus simple à comprendre. Donner de l’oxygène, oui, mais pas trop. Surtout pas partout à travers le Québec. Les prochains mois étant truffés d’inconnues. Ici comme ailleurs.
Pas de pause
Après 11 mois, face à une pandémie loin de s’essouffler, ces nouvelles mesures prennent des airs d’accommodements sociaux et sanitaires possiblement raisonnables.
Y compris la reconnaissance de l’importance de la culture, dont l’ouverture prochaine des musées. Quoique là encore, seul le temps dira si d’augmenter les contacts pendant l’apparition de variants menaçants est un choix suffisamment précautionneux ou non.
Car la COVID, elle, ne prend pas de pause. Elle veut vivre et se propager. Jusqu’à ce qu’une forte majorité des populations québécoise et canadienne soit vaccinée, enfin et correctement, elle se nourrira invariablement de nos assouplissements s’ils sont mal encadrés.
En cela, la situation nous rappelle ce qui se passe face à un cancer agressif. On ne peut pas suivre des traitements de chimio tout en implorant l’oncologue de réduire la force du prochain simplement parce qu’on est fatigué ou qu’au contraire, on va tout à coup un peu mieux.
En guerre, baisser la garde n’est jamais une bonne idée. Voyons si avec de nouveaux accommodements plus ciblés, le gouvernement et nous saurons tout au moins éviter de le faire au péril de notre santé et de celle des autres.