Josée Legault Mercredi, 13 mai 2020 05:00 - Dominique Anglade est la nouvelle chef du Parti libéral du Québec.
https://www.journaldemontreal.com/2020/05/13/lurgence-est-a-montreal
À 46 ans, elle brise un double plafond de verre. Première femme à diriger les troupes libérales, elle est aussi la fille de parents immigrants haïtiens.
Sa victoire est précipitée par le désistement d’Alexandre Cusson.
La couronne de Mme Anglade n’en est pas moins bien réelle. Pour les libéraux, encore sonnés par leur défaite historique de 2018, l’ancienne présidente de la CAQ reste néanmoins une énigme.
Régions
Plusieurs craignent que la Montréalaise en elle échoue à séduire une partie des francophones des régions, majoritairement gagnés à la CAQ et François Legault.
Or, en pleine pandémie, c’est dans la grande région montréalaise – l’épicentre canadien de la COVID-19 – que la situation est critique.
Les régions, fort heureusement pour elles, respirent beaucoup mieux.
Manque d’antennes
De toute évidence, exception faite de Chantal Rouleau, ministre responsable de la métropole et députée de Pointe-Aux-Trembles, l’absence d’élus caquistes à Montréal pose problème au gouvernement.
Il manque sérieusement d’« antennes » politiques sur le terrain.
L’échec de la gestion de la crise dans la grande région de Montréal est patent. En amont, la métropole s’est vue négligée par le ministère de la Santé, ses méga-CIUSSS et la santé publique du Dr Horacio Arruda.
Les CHSLD et résidences privées pour aînés et personnes handicapées, déjà abandonnés depuis 20 ans par les gouvernements, ont été oubliés.
Contrairement à la Colombie-Britannique, les CIUSSS ont laissé les préposés continuer à se promener d’un établissement à l’autre.
Cela en a fait des vecteurs de contagion jusque dans la communauté.
Quant au système de dépistage, crucial pour aplanir la courbe de la COVID-19, il s’est avéré mal organisé, mal équipé et mal ciblé.
Jusqu’à tout récemment, le refus du Dr Arruda de recommander clairement le port du masque non médical a aussi fait perdre de précieuses semaines à Montréal dans le combat pour ralentir la propagation du virus.
Son refus actuel de l’imposer en prétextant des « chartes des droits », tout en disant du même souffle qu’il pourrait le faire plus tard, laisse pantois.
Sans port obligatoire du masque dans les lieux publics, comment déconfiner Montréal un jour, même graduellement ?
Masque
Le principe est pourtant clair : quand tout le monde porte le masque, tout le monde protège tout le monde.
Pour Dominique Anglade et les partis d’opposition, le défi sera donc de taille. Ils devront mieux faire entendre leurs voix et leurs « antennes » montréalaises auprès du gouvernement.
Un véritable travail d’équilibriste les attend. En crise humanitaire, une attitude partisane serait nuisible et très mal reçue.
L’urgence est en effet de mieux combattre le virus à Montréal, pas de préparer la prochaine élection.
À la réciproque, la gravité de la situation exige aussi du gouvernement qu’il se montre plus à l’écoute de Montréal et de tous ses élus.
Le premier ministre se rendra d’ailleurs enfin dans la métropole cette semaine. Il était temps.