Le courage de monter au front - Josée Legault

Josée Legault Jeudi, 7 mai 2020 05:00 - Tous médias confondus, les témoignages de femmes et d’hommes qui se portent volontaires pour aller aider dans les CHSLD se multiplient.

https://www.journaldemontreal.com/2020/05/07/le-courage-de-monter-au-front

En pleine crise humanitaire, ils sont bouleversants de vérité et d’altruisme. L’urgence d’agir, ils la ressentent jusque dans leurs tripes.

Ils sont de toutes les origines, tous les âges, tous les métiers. 

Pour épauler les valeureuses et valeureux préposés – en grave pénurie, épuisés et manquant d’équipement de protection –, ces volontaires mettent eux aussi à risque leur propre santé, physique et émotionnelle.

Aider

Tous ces volontaires disent vouloir « aider ». 

Aider à redonner leur dignité aux aînés les plus vulnérables parce qu’elle leur a été volée. 

C’est la résultante tragique des années d’abandon de leurs « milieux de vie » par nos gouvernements. 

En pleine pandémie, on y voit aussi l’impact dévastateur d’une décision déses-pérée prise par la méga « machine » du ministère de la Santé et gérée par ses éléphantesques CIUSSS.

Chaînes de contagion  

Face à la pénurie de personnel déjà endémique bien avant la COVID-19, cette décision fut de laisser les employés continuer à se promener d’un établissement à l’autre. 

Ce qui, dans des milieux naturels d’éclosion comme les CHSLD et résidences privées, en a fait des vecteurs de contagion auprès des aînés les plus malades. 

Mardi, le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique, l’a reconnu. 

Les premières éclosions, a-t-il dit, étaient surtout liées aux retours de voyages, mais « après, il y a la question des CHSLD, avec probablement des travailleurs de la santé qui allaient dans différents CHSLD et ont probablement introduit ou eu la maladie d’un centre et l’ont répandue. À tout le moins, pour certains CHSLD à Montréal ».

Montréal, l’épicentre canadien de la COVID-19, rejoint, depuis, d’autres grandes villes occidentales où les taux de mortalité sont les plus élevés. 

Or, comme le rappelle un reportage de la CBC, dès le 21 mars, la directrice de la santé publique de la Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry, prenait la voie contraire. 

Voie contraire

Précisément pour limiter la contagion des résidents, elle ordonnait que les employés et les bénévoles des résidences pour aînés soient assignés à un seul établissement. 

Dans les ressources d’hébergement pour personnes vulnérables, ça prend plus d’employés, mieux payés, mieux formés, et avec de meilleures conditions de travail, mais ça prend aussi du personnel dédié à chaque résidence.

En plus d’une réforme complète de la manière pitoyable dont notre système de santé prend si peu soin des plus vulnérables, il tombe sous le sens qu’un personnel dédié et mieux traité améliorerait de beaucoup la qualité, continuité et proximité des soins et des rapports humains avec les résidents.

Ce qui, par ricochet, contribuerait à limiter les éclosions par contagion externe, qu’elles soient d’influenza, de gastro ou d’un virus aussi sournois et meurtrier que celui de la COVID-19.

Il faudra tout changer pour le mieux. 

Pour que la prochaine fois, plus personne n’ait à voler au secours d’autant de personnes fragiles, vivant et mourant dans des conditions indignes d’une société avancée.

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