Nathalie Elgrably Vendredi, 10 septembre 2021 05:00- L’histoire de l’humanité a démontré que les contextes épidémiques favorisent la recherche de boucs émissaires.
https://www.journaldemontreal.com/2021/09/10/logique-moyenageuse
Au Moyen-Âge, par exemple, on accusait les pauvres, les vagabonds, les étrangers et les juifs d’être des « semeurs de peste ».
Désigner un bouc émissaire était une manière d’exorciser les peurs du moment. Donner un visage à un ennemi jusqu’alors invisible, identifier des victimes sacrificielles était la soupape privilégiée pour apaiser les populations soudainement confrontées à leur propre mortalité. Malheureusement, la modernité n’a pas enrayé cette pratique archaïque.
Coupable
Il suffit d’écouter la classe politique ainsi que certains médecins fortement médiatisés, pour comprendre que le nouveau coupable par excellence est aujourd’hui l’individu non vacciné. Entre autres, il serait responsable du débordement des hôpitaux et de l’effondrement quasi imminent du système de santé.
Toutefois, ne nous laissons pas piéger par cette logique de stigmatisation.
Le réseau de la santé dispose d’un budget de 52,3 G$. Va-t-on vraiment croire qu’il suffit de 171 patients Covid pour dynamiter pareil colosse ? Faut-il rappeler que les urgences qui débordent, les listes d’attentes interminables pour voir un spécialiste ou passer un examen, ainsi que la pénurie de médecins n’ont pas surgi avec le virus, mais qu’ils constituent un problème systémique depuis plus d’un demi-siècle ?
Cohésion
M. Legault affirmait mardi qu’il est important de « garder la cohésion sociale ». Il a raison ! Or, ce n’est certainement pas en instiguant la logique moyenâgeuse du bouc émissaire qu’on y parviendra.
Plutôt que de se dédouaner de ses responsabilités en faisant porter l’odieux d’un système défaillant sur les non-vaccinés, notre élite politique devrait plutôt reconnaître que la pandémie a exposé tous les travers d’un réseau soviétisé gangréné par la bureaucratie, et que même sans aucun patient-Covid, le réseau sous perfusion agoniserait.
Pointer un doigt accusateur, lequel divise sournoisement et funestement la population, est une pente savonneuse. Il faut apprendre de l’Histoire et recalibrer d’urgence notre boussole morale !