Pourquoi je ne lirai plus vos courriels - Sophie Durocher

Sophie Durocher Vendredi, 6 août 2021 05:00 - Mercredi, je vous parlais d’un certain François qui me traitait de nazie, parce que j’avais écrit une chronique en faveur d’un passeport vaccinal.

https://www.journaldemontreal.com/2021/08/06/pourquoi-je-ne-lirai-plus-vos-courriels

Or hier, le premier ministre François Legault a annoncé qu’il y aurait bientôt, en effet, un passeport vaccinal au Québec.

Et comme par hasard, hier, j’ai reçu un courriel encore plus haineux et encore plus vulgaire que celui de François.

Je suis désolée, les amis, mais je débarque. Il y a des limites à se faire insulter, harceler et agresser. J’ai prévenu hier mes patrons au Journal que je ne lirai plus les courriels envoyés à mon adresse quebecormedia.com, celle qui apparaît en dessous de mon nom dans la chronique que vous lisez en ce moment.

BYE BYE, LES TROLLS

C’est dommage. Mais on en est rendus là. Ça ne me tente pas, chaque fois que j’ouvre ma boîte de courriels professionnels, de tomber sur des attaques vicieuses. Mon métier n’a pas à être un champ de mines, je n’ai pas à me demander quand une grenade va me sauter au visage.

Dans son courriel agressif et menaçant, Claude m’écrit : « Si tu veux un échantillon de mon sperme pour l’injecter dans ton vagon ou anus, fais-moi signe ! Les corps étrangers expérimentaux, cela n’a pas l’air de t’apeurer ! On fera le tout devant ton Journal, sans triche.

Pauvre fille... »

Je pourrais prendre ça en riant, me demander s’il parle de mon « wagon » ou de mon « vagin ». Mais je ne la trouve pas drôle. Ce courriel est la goutte qui fait déborder le vase.

Ce n’est pas vrai qu’on peut recevoir des torrents de niaiseries sans que ça nous affecte. Et je ne parle pas des médias sociaux : chacun est libre de taper son nom ou pas sur Twitter ou Facebook. Je parle de mon adresse professionnelle, dont j’ai besoin pour travailler.

Depuis que j’ai commencé comme chroniqueuse au Journal, je lis vos courriels. Avec intérêt et curiosité. C’est pour vous que j’écris. J’aime ce dialogue avec vous, cet échange d’idées, de réflexions. On n’est pas obligés d’être d’accord, mais on peut se parler.

Je ne compte plus le nombre de fois où l’un d’entre vous m’a écrit un courriel qui commençait par : « C’est la première fois que j’écris à un chroniqueur dans un journal ». Je ne compte pas le nombre de fois où vous m’avez écrit pour me suggérer des sujets de chronique, me donner des scoops, corriger une faute qui m’avait échappé.

J’adore quand vous attirez mon attention sur un film, un livre, une émission de radio ou de télé qui vous a interloqués. Vous m’avez enrichie, allumée et stimulée. On a discuté, argumenté. Tant que ça se faisait dans le respect, je répondais, dans la mesure de ma disponibilité, à la majorité des courriels qui m’étaient envoyés.

Mais là, je débarque. Je prends une pause. Je descends de l’autobus. Pendant un mois, je vais couper le canal de communication. Le temps que les antivaccins, anti-passeport vaccinal et anti-mesures sanitaires se calment le pompon.

QUESTION QUIZ

Les politiciens qui courtisent cette clientèle par pur opportunisme, les Bernier et Duhaime de ce monde, que pensent-ils de ces dérapages ?

Éric et Maxime, ça ne vous tente pas de dire à François, Claude et les autres pitbulls d’arrêter de japper ?

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