Sophie Durocher Mercredi, 25 août 2021 05:00 - Vous rappelez-vous quand la compagnie Christie, célèbre pour ses pubs « Monsieur Christie, vous faites de bons biscuits ! »
, remettait un prix aux meilleurs livres jeunesse ?
https://www.journaldemontreal.com/2021/08/25/ce-livre-est-il-raciste
En 1998, ce prix a été remis à Un cadavre de classe, de Robert Soulières.
Pourquoi je vous parle de ça aujourd’hui ? Parce que 23 ans plus tard, ce roman humoristique se fait traiter de raciste. On y retrouve le mot « nègre ».
Quand j’ai lu ça, j’ai failli m’étouffer dans mon biscuit.
PAS DE LA TARTE
Voici le passage en question.
Une mère (noire) dit à son fils (noir) : « Tu es assez vieux maintenant pour comprendre que dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on veut et qu’on est souvent le nègre de quelqu’un et que ce quelqu’un là c’est moi ».
Il n’y a rien de raciste là-dedans, au contraire ! Ça dénonce l’état d’oppression que les subalternes subissent aux mains de quelqu’un qui se sent supérieur.
La station CTV a diffusé cette semaine un reportage au titre incendiaire : Livre contenant des passages racistes enseigné dans les écoles.
Le reporter rapporte que la Commission des droits de la personne a rejeté une plainte d’un père d’Aylmer choqué que son fils ait eu à lire en classe le livre en question.
Le problème avec CTV, c’est qu’on présente le livre comme étant « raciste » au lieu de dire « un livre controversé » ou « un livre accusé d’être raciste ».
Comment un roman tellement inoffensif qu’il a même reçu un prix remis par un fabricant de biscuits peut-il être mis à l’index 23 ans plus tard ?
C’est la question que se pose Robert Soulières, l’auteur et l’éditeur du livre. Hier, il était estomaqué que cette histoire ait mérité un reportage aux nouvelles de CTV, deux ans après le dépôt de la plainte.
« Le livre est sorti en 1997, j’en ai vendu 55 000 exemplaires depuis sa sortie et personne d’autre ne s’est plaint. »
À la Commission des droits de la personne, étant donné que les enquêtes sont menées privément, on me répond simplement : « Une enquête a bel et bien été ouverte puis fermée dans le dossier dont il est ici question ».
Je vous ai parlé la semaine dernière de la station CTV et de son émission The social où on a traité les Québécois de « tribu » et de « xénophobes ».
Pourquoi CTV monte en épingle ce dossier anecdotique ? La Commission a ouvert puis fermé l’enquête, considérant que les droits du père n’avaient pas été lésés. Ça s’arrête là, non ?
CTV a interviewé l’enfant offensé, le père offensé, et Fo Niemi, directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales, qui est offensé que la Commission ait rejeté la plainte.
UNE SEULE PLAINTE
Comme me l’a dit Robert Soulières : « Aujourd’hui, il suffit d’une seule plainte et le monde est à l’envers. C’est la tyrannie de la minorité. Ça prend des dimensions disproportionnées ».
Utilisera-t-il le mot « nègre » dans un de ses prochains livres ? « Je l’éviterai... pour éviter tout problème. Je respecte le fait que certains soient blessés par un mot. Mais je ne suis pas là pour blesser, je suis là pour promouvoir le plaisir de la lecture ».