La bombe Wiseman - Sophie Durocher

Sophie Durocher Mercredi, 26 mai 2021 05:00 - «Toutes les émissions produites par ce groupe demeurent à l’horaire ou en ligne pour ne pas pénaliser leurs artistes et artisans.»

https://www.journaldemontreal.com/2021/05/26/la-bombe-wiseman

Cette phrase est tirée du communiqué émis par Radio-Canada quand on a appris que le producteur d’Avanti, Luc Wiseman, était accusé d’agression sexuelle sur une mineure et de production de pornographie juvénile. Même son de cloche du côté de Télé-Québec, qui a tenu « à réitérer sa confiance envers les équipes de production d’Avanti Groupe ».

Coudonc ! Est-ce que les diffuseurs ont appris des scandales précédents ? Il semble qu’ils ont compris que les artisans et les artistes n’ont pas à payer le prix des accusations qui visent un dirigeant d’entreprise.

TOUT LE MONDE PAYE LE PRIX

Rappelez-vous quand les affaires Salvail et Rozon ont éclaté, ce sont tous les employés de leurs empires qui ont été éclaboussés. Le nom de leurs entreprises était devenu radioactif !

Les sœurs Rozon ont payé cher le simple fait de porter ce nom de famille. Et dans les cas de Salvail et Rozon, on ne parlait pas d’accusations au criminel déposées après une enquête policière, mais d’enquêtes journalistiques.

Avouons-le, avant vendredi dernier, le nom de Luc Wiseman était absolument inconnu du grand public.

Contrairement à Guy Cloutier, Éric Salvail ou Gilbert Rozon, Wiseman n’avait jamais sa photo dans les magazines.

Et pourtant, son emprise et son influence sur le milieu médiatique québécois sont aussi importantes sinon plus que ces autres personnalités. C’est pourquoi la nouvelle a eu l’effet d’une bombe.

Luc Wiseman était peut-être un homme de l’ombre, mais ceux avec qui il a travaillé étaient parmi les plus connus du milieu, de Guy A. Lepage à Patrice Lécuyer, en passant par Louis Morissette, qui doivent tous être sonnés aujourd’hui.

Il n’y a pratiquement personne dans le grand milieu du « showbiz québécois » qui n’a pas eu à un moment donné un lien, de près ou de loin, avec une production de Luc Wiseman...

Pas plus tard qu’en 2019, le magazine Qui fait quoi faisait son portrait à l’occasion du 30e anniversaire d’Avanti. Le titre ? Luc Wiseman : l’homme qui ose.

La liste des productions auxquelles il a touché est étourdissante : Tout le monde en parle, bien sûr, mais aussi Les Détecteurs de mensonges, Piment Fort, La Petite Vie, Un gars, une fille, De garde 24/7, 3x rien. Il y a aussi les humoristes, de Dominic et Martin à Katherine Levac, qui ont été propulsés par Avanti.

Une phrase m’a frappée dans ce portrait : « Lorsque l’on pousse la porte d’entrée des bureaux d’Avanti, le regard est tout de suite attiré au néon Osez, une œuvre du sculpteur André Fournelle. Ce Osez, c’est le modus vivendi de Luc Wiseman ».

RÉTROVISEUR

À la fin du texte, le magazine a demandé à Luc Wiseman ce qui le faisait rêver... « Pouvoir réaliser des choses. J’ai une grande capacité à m’émerveiller, à m’évader. Je suis un gars plus positif que négatif. Et j’ai beaucoup de résilience. On dit que, à travers toute épreuve, on tire du positif ».

Relire ces derniers mots aujourd’hui, alors que des accusations aussi graves pèsent contre lui, cela donne froid dans le dos...

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