Sophie Durocher Lundi, 1 mars 2021 05:00 - On peut aimer ou pas le personnage, mais Vincent Guzzo, PDG des cinémas du même nom, pose parfois de très bonnes questions.
https://www.journaldemontreal.com/2021/03/01/le-popcorngate-la-suite
Quand je l’ai interviewé à QUB radio en plein « popcorngate », il m’a demandé : « Pourquoi les cinémas en zone orange ont-ils le droit de vendre des aliments, mais pas les cinémas en zone rouge ? » Avouez que la question est pertinente.
Un virus à géométrie variable
Pourquoi les cinéphiles en zone orange ont le droit de consommer du popcorn dans la salle, mais pas les cinéphiles en zone rouge ?
De deux choses l’une. Soit manger dans une salle obscure, devant un écran, sur une banquette, est dangereux pour la santé publique, soit ça ne l’est pas. Mais ça ne peut pas être dangereux à Québec et sécuritaire à Chicoutimi.
Si on peut regarder un film sans masque à Chicoutimi, pourquoi doit-on le porter à Québec ? Le virus sait qu’il peut se propager dans les bouches des mangeurs de popcorn dans une zone déclarée à risque par la Santé publique, mais quand il traverse la frontière administrative du Saguenay, il se dit : « Bof, ça me tente pas d’aller contaminer Madeleine Tremblay et ses deux enfants » ?
Ou alors, qu’on nous dise clairement que la dangerosité du popcorn est directement proportionnelle à la capacité d’hospitalisation de la région.
Sur grand écran
Alors, êtes-vous allé au cinéma au cours de la fin de semaine ? Avez-vous profité de ce début de semaine de relâche pour emmener la marmaille dans une salle obscure ?
Dans ma chronique, la semaine dernière, je vous avais prédit que j’y mettrais les pieds. Mais mon fils, 13 ans, préado, en a décidé autrement...
Il faut que je vous explique : mon fils est le fan numéro un de Billie Eilish. Il a une tuque Billie Eilish, un chandail Billie Eilish, un coton ouaté Billie Eilish, des posters de Billie Eilish sur les murs. Quand on a su qu’un documentaire de deux heures et demie sur Billie Eilish (The World’s a Little Blurry) était présenté au cinéma, mon fils a enfilé son chandail et sa tuque et m’a lancé : « On s’en va au cinéma ! »
Mais quand je lui ai dit qu’il devrait porter son masque pendant deux heures et demie, alors qu’il passe déjà toutes ses journées de classe avec le masque étampé dans le visage, son enthousiasme a baissé de 50 %. Et quand je lui ai dit qu’il ne pourrait rien boire ni manger pendant deux heures et demie, il a enlevé sa tuque, son chandail et son sweat.
Résultat : on s’est abonné à Apple TV pour 4,99 $, on a acheté des bonbons au IGA pour 2,69 $, on a fait notre propre popcorn et on a regardé son idole, pendant deux heures et demie, sur la grosse télé du salon, collé collé.
On n’arrêtait pas de se parler (mon fils est intarissable sur son idole), et personne ne nous disait « Chut ».
Quand on avait envie pipi, on appuyait sur pause pour être sûr de ne rien manquer.
Dehors, la neige tombait à plein ciel. On a eu une pensée pour ceux qui avaient bravé la tempête pour aller au cinéma. Et on s’est dit, mon mari et moi, que la pandémie allait peut-être faire une victime de plus : les cinémas conventionnels...