Par Martine Veillette
Les citoyens pourront se rendre cet été dans les endroits où l’autocueillette est offerte. Le gouvernement du Québec l’a autorisée.
Cette nouvelle réjouit les propriétaires du Potager Mont-Rouge Halte Gourmande, à Rougemont, dont la mise en marché est basée sur la cueillette par les clients. « Pour nous, c’était une question de vie ou de mort », affirme d’emblée Philippe Beauregard, copropriétaire avec sa sœur, Marjolaine Beauregard.
Il explique que, dès l’ouverture du commerce en 2016, c’était leur concept d’ouvrir les champs au public et de permettre d’y cueillir une variété de fruits et de légumes qui ne se trouvent pas ailleurs. « On aimait mieux ne pas trop penser à l’idée que l’autocueillette ne soit pas autorisée », poursuit-il.
L’entreprise n’a pas assez d’employés pour effectuer la cueillette dans tous ses champs. « Il aurait été difficile pour nous de dire qu’on aurait vendu notre surplus dans des épiceries. Nous n’avons pas la main-d’œuvre pour cueillir sur toute notre superficie », explique Philippe Beauregard.
L’annonce a donc été reçue avec beaucoup d’enthousiasme. Les propriétaires, comme tous ceux qui permettent la cueillette libre au Québec, ont obtenu les directives de la santé publique. Certains éléments seront donc différents comparativement au passé. Le propriétaire souligne toutefois que la politique est la même pour l’ensemble des fermes du Québec. Le Potager Mont-Rouge ne sera donc pas plus sévère ni différent des autres.
Quantité au lieu du divertissement
Parmi les changements, le commerce de Rougemont avait l’habitude d’offrir une multitude d’activités de divertissement afin de permettre à ses clients de passer la journée sur la ferme. Ce volet, qui inclut mini-ferme, chapiteau, tables de pique-nique, balade en tracteur et trampoline, ne sera pas possible cette année.
« On aimait mieux ne pas trop penser à l’idée que l’autocueillette ne soit pas autorisée. » – Philippe Beauregard
Le propriétaire estime que l’autocueillette pourrait commencer dans ses champs à partir de la Fête nationale. La même superficie de terre a été cultivée avec les mêmes semences que l’an dernier. Philippe Beauregard souligne que « ce ne sera pas l’année pour faire une activité touristique chez eux, mais pour faire des provisions ».
Habituellement, les clients garaient leurs voitures dans le stationnement et se rendaient aux champs à bord du tracteur. Cette balade ne sera pas offerte cette année, puisqu’il est impossible de respecter la distanciation de deux mètres. Ils s’y rendront donc à pied ou en voiture. M. Beauregard souligne toutefois que la superficie de terre est assez grande pour permettre aux gens de cueillir en conservant une distance.
Il y aura cependant un travail de logistique pour s’assurer que tous les fruits et légumes sont cueillis et que deux personnes ne passent pas au même endroit dans une même journée afin d’éviter la contamination.
Boutique et livraison
Depuis le début de la pandémie, l’entreprise rougemontoise a réorienté son offre. Elle propose une boutique en ligne avec un service de livraison. Selon le propriétaire, la réponse des clients a été bonne. « On ne s’attendait pas à cette réponse. On a mis quelqu’un en charge de la plateforme. On pense l’ouvrir à l’année », indique Philippe Beauregard. Il précise que depuis le déconfinement, la demande en ligne a baissé un peu. Les gens viennent plus en boutique.
Il s’est aussi jumelé à d’autres producteurs afin d’offrir une plus grande variété de produits. Par exemple, il a commencé à
vendre de la viande provenant de producteurs du Québec.
Environnement
L’an dernier, Philippe Beauregard avait obtenu une bourse de 25 000 $ du ministère de l’Économie et de l’Innovation. Il souhaitait l’utiliser afin de réduire l’empreinte écologique du commerce.
Différents éléments en ce sens ont été mis en place. Parmi eux, des poubelles séparées pour le compost, le recyclage et les déchets. Des bornes de recharge pour voitures électriques ont été installées et sont populaires. « La fin de semaine, elles étaient toujours occupées », souligne le propriétaire.
Dans le verger, des phéromones ont été installées dans la cime des arbres afin de réduire la quantité de pesticides. Philippe Beauregard explique que des insectes piquent les pommes. Cela fait baisser leur qualité. Pour pallier cet inconvénient, environ quatre traitements annuels sont nécessaires. Les phéromones permettent d’en réduire la quantité. L’an passé, le Potager Mont-Rouge n’a pas eu à faire de traitement.
La prochaine étape de son virage vert est la réduction des contenants à usage unique et l’offre de produits en vrac. La COVID a ralenti le processus.