Par Martine Veillette
Les cabanes à sucre fonctionnent annuellement pendant deux ou trois mois. Cette année, la saison des sucres est en suspens le temps que le coronavirus soit contrôlé. Cela représentera une perte financière importante pour Michel St-Arnaud, propriétaire de la cabane à sucre Les Quatre feuilles, à Rougemont.
« On s’en attendait avec les annonces des derniers jours (du premier ministre François Legault). On avait commencé à réduire notre nombre de places à 180 personnes en espérant pouvoir rester ouvert. Ensuite, il a annoncé qu’on devait fermer. On ne s’est pas obstinés et on a avisé nos clients. Je crois qu’on devra faire une croix sur la saison », mentionne l’homme d’affaires.
Une situation décevante pour celui qui en était à sa deuxième saison. « On était en avance de 20 % sur les revenus comparativement à l’an dernier », relate M. St-Arnaud. Sa cabane à sucre offre des repas sans gluten et végétariens. Il soutient que des gens d’un peu partout au Québec y venaient pour déguster un repas traditionnel adapté.
« On avait beaucoup de réservations pour les prochaines semaines. Les pertes seront au-delà de 140 000 $ à 150 000 $ », estime-t-il.
Si certaines cabanes à sucre se sont tournées vers une offre de plats à emporter, ce ne sera pas le cas pour lui. « On a évalué la possibilité, mais on ne pourra pas l’offrir pour une question de logistique. C’est très compliqué et on aurait dû absorber plus de pertes », indique le propriétaire. Comme il ne produit pas de sirop, il ne sera pas possible pour lui de vendre des produits dérivés.
Sa salle sert aussi de réception et il offre le souper au cours de l’été pour le Théâtre de Rougemont. Il espère que la vie aura repris d’ici là.
« Les pertes seront au-delà de 140 000 $ à 150 000 $. » – Michel St-Arnaud
Deux entreprises à risque
M. St-Arnaud est également propriétaire d’une entreprise de location de jeux gonflables et d’autres articles de fête. La fin d’année scolaire en juin est un moment important pour cette entreprise. « Si les écoles ne reprennent pas et que les contrats tombent à l’eau, ce sera un autre gros coup pour nous », affirme-t-il. Ces contrats représentent environ 80 000 $.
Le propriétaire tente de voir avec son directeur de compte à son institution financière et avec Investissement Québec comment on peut lui venir en aide financièrement. Il craint qu’une, peut-être même ses deux entreprises fassent faillite. « J’espère que le gouvernement aidera par exemple par des prêts. J’ai peur qu’il aide plus les grosses entreprises et qu’il n’en reste pas beaucoup pour les petites », indique M. St-Arnaud.
Il ajoute qu’il doit payer des factures et que ses liquidités fondent. « Notre grosse saison, c’est mars et avril. C’est cet argent qui nous permet de payer les dépenses. Si on perd la saison, on n’aura plus de liquidités », dit-il.
Le propriétaire a dû mettre à pied une quinzaine d’employés qui, pour la majorité, avaient également un autre emploi.
Malgré la perte financière, M. St-Arnaud estime que le gouvernement du Québec a pris la bonne décision de fermer les établissements.