Mario Dumont Samedi, 2 mai 2020 05:00 - Le confinement exige des sacrifices pour tous, mais il peut se vivre plus âprement pour les personnes seules.
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Le confinement gruge la joie de vivre. Pas de sorties, pas de contact avec parents et amis, pas de spectacles ou de cinéma, pas de voyages. Malgré tout, je fais partie des gens qui vivent le confinement avec une conjointe et trois jeunes adultes à la maison.
J’ai une pensée pour ceux qui vivent le confinement seul. Sept jours sur sept, du matin au soir, seul avec soi-même. Au mieux un chien ou un minet pour assurer une forme de présence.
Le récit de leur confinement détonne avec ceux qui l’ont vécu en couple ou en famille. Les jours peuvent être longs. Le silence peut devenir lourd.
Beaucoup de gens vivant seuls ont tendance à être très organisés. Ils investiront du temps pour fixer des rencontres : un souper avec untel au restaurant, un autre qu’on invitera à la maison le lendemain. On s’organisera des sorties fixes les soirs de semaines et un peu de vie sociale le week-end. Tout ça interdit, la vie tombe à plat.
Bien sûr, les technologies de communications de 2020 permettent des interactions à distance. Il s’est tenu un nombre record de 5 à 7 et de soupers par visioconférence depuis six semaines. La chose avait de quoi amuser au début, comme tout ce qui est nouveau et hors norme. Mais cette méthode a comblé de plus en plus difficilement le vide au fil des semaines.
On dira ce qu’on voudra, le toucher fait partie de l’expérience humaine d’un contact véritable. Sans égard à l’aspect sexuel, l’absence totale et prolongée de contact finit par accroître la sensation de vide qui vient avec la solitude.
Le soutien
Vivre le confinement est exigeant. Quand on y ajoute les baisses de revenus, l’incertitude pour ses finances personnelles, l’inquiétude à propos d’un parent âgé qu’on ne peut plus visiter, il y a de quoi angoisser. Or l’angoisse pèse moins lourd lorsqu’elle se dépose sur plus d’une paire d’épaules. Les personnes seules sont privées du soutien quotidien qui adoucit les petites misères comme les grandes inquiétudes.
Si pour certains, vivre seul représente un choix, pour d’autres, cette pandémie a simplement frappé à un mauvais moment. La solitude peut découler d’une séparation ou d’un décès survenus au cours des dernières années. Des semaines sans un autre visage entre les quatre murs paraissent encore plus accablantes.
Un rassemblement de deux
Alors que nous en sommes à sortir du confinement, étape par étape, je comprends que le gouvernement insiste toujours pour interdire les rassemblements. Mais pourrait-on penser à autoriser les rassemblements de deux personnes ? Permettre à des personnes vivant seules de partager un moment apparaît fort raisonnable.
Déjà que j’ai été fort mal à l’aise en entendant que des contraventions avaient été imposées à des conjoints qui ne vivent pas à la même adresse et qui se fréquentaient pendant le confinement. La santé publique s’inquiète des conséquences humaines du confinement. Le cas des personnes vivant seules devrait faire l’objet d’une attention particulière.