Mario Dumont Mercredi, 30 septembre 2020 05:00 - Mai 1940. Les armées de Hitler avancent sur tous les fronts. Il est évident que l’avenir immédiat de l’Europe s’annonce sombre.
https://www.journaldemontreal.com/2020/09/30/du-sang-des-larmes-et-de-la-sueur
Le Royaume-Uni aura un rôle-clé à jouer et Winston Churchill est appelé à remplacer un premier ministre trop faible pour un temps de guerre.
Alors que Churchill prend la parole pour la première fois au Parlement, comme premier ministre, son discours est brutal. « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. »
Déprimant ? Pourtant, il fallait porter un message d’espoir en ces jours terrifiants. Voilà la leçon : lorsque la tragédie est profonde, lorsque la collectivité va devoir traverser un passage douloureux et exigeant, le seul espoir crédible consiste à recourir au courage. Le vrai courage, la force intérieure qui fait surmonter les épreuves d’une manière qu’on n’aurait pas imaginée.
Le courage
Il est là profondément enfoui dans l’humain ce courage. Le courage de l’accidenté qui réapprend à marcher comme un bébé. Le courage du conjoint d’un malade de l’Alzheimer qui le visite chaque jour jusqu’au dernier souffle, même lorsque l’autre ne réagit plus. Le courage des communautés qui reconstruisent leurs maisons et leurs villages après une catastrophe naturelle.
Face à des années d’une guerre qui s’annonçait sale, Churchill n’a pas eu le réflexe de dire « ça va bien aller ». Nommer la vérité crûment, regarder la réalité en face, et poser des gestes de courage, il me semble que nous en sommes rendus là avec ce foutu virus.
Évidemment, nous sommes en 2020. Le politicien n’est pas là pour nommer les choses durement. Nous sommes à l’époque où le gouvernement promet de faire le lunch des enfants, ou promet qu’on va travailler une semaine de quatre jours et gagner davantage.
Des miracles, des cadeaux, des bébelles, le gouvernement moderne aime se confondre avec le père Noël. Faut-il blâmer les politiciens, ou les électeurs ? Je ne sais plus. Mais la recette semble fonctionner pour se faire réélire. Imaginez-vous Justin Trudeau promettre de la sueur et du sang comme le vieux Churchill ?
Le message
Tout cela pour dire que la communication entourant la lutte à la COVID doit évoluer. Nos dirigeants doivent retourner puiser dans la banque de vieux mots. Une partie du courage consiste à faire des sacrifices. Des sacrifices ??? Eh oui ! Pas de sorties, ni de resto, ni d’amis à la maison.
Il faut rappeler constamment aux gens au nom de quelle cause on fait ces sacrifices. François Legault l’a rappelé lundi lors de l’annonce des zones rouges. Le défi consiste à protéger trois choses : l’école pour le bien des enfants, le système de santé et la vie des personnes vulnérables, dont les aînés.
Ces causes devraient être assez fortes pour mobiliser une population. Pour 28 jours, oui. Mais il n’y aura pas de vaccin dans 28 jours. On pourra relâcher un peu si tout va bien, mais...
Il en faudra du courage. Et des discours crus pour y faire appel.