Mario Dumont Samedi, 26 septembre 2020 05:00 - Nous avons découvert Sonia LeBel lors de la commission Charbonneau.
La procureure a pris du galon durant cette longue commission où sa personnalité n’est pas passée inaperçue.
https://www.journaldemontreal.com/2020/09/26/sonia-la-naturelle
Des qualités et des défauts ont monté à la surface. Une intelligence vive et beaucoup de cran, cela sautait aux yeux. Mais aussi une certaine agressivité et un côté baveux qui dénotaient soit un manque de respect, soit un manque de recul par rapport à la gravité des enjeux. Certains l’avaient aussi accusée à l’époque d’en mettre un peu trop pour le « show ».
Je passe à la confesse : lorsque la CAQ a annoncé l’entrée en politique de madame LeBel, j’étais hautement sceptique. Pas que je ne lui reconnaissais pas un talent certain. Mais je craignais que ses défauts ne l’amènent à commettre des erreurs fatales en politique.
La politique exige d’avoir les deux pieds sur terre. Ceux à qui il manque une dose d’humilité se font souvent ramener brutalement sur le plancher des vaches. Ceux qui sont trop baveux trouvent chaussure à leur pied. Ceux qui veulent trop donner un spectacle finissent en bas de l’estrade, le nez en premier.
Solide ministre
Je me trompais. Sonia LeBel est devenue en très peu de temps une ministre efficace et respectée. Ses instincts politiques m’impressionnent. Elle a su éviter les pièges.
Elle a appris à travailler avec l’opposition. Répondre assez fermement pour ne pas se faire marcher sur la tête, mais collaborer sincèrement sur les dossiers importants. Avec l’opposition, avec les médias, avec les citoyens, elle semble trouver le ton pour que son message arrive à destination et que ses projets politiques avancent.
Le dépôt cette semaine du nouveau projet de loi 66 sur l’accélération de la réalisation des projets d’infrastructure s’ajoute à son bilan. Soyons prudents, le projet n’est pas encore adopté. Mais la première étape, la présentation, a remis ce train sur les rails pour le gouvernement Legault.
Dans la courte session parlementaire du printemps dernier, le gouvernement avait vécu un échec important. L’accélération des projets représentait le cœur de son effort de relance économique. Pourtant, le crucial projet de loi 61 était resté dormant au feuilleton lorsque les députés sont partis pour l’été.
Le gouvernement n’avait pas réussi à obtenir l’appui des partis d’opposition. Mais ayant reçu des remontrances de plusieurs organismes, il n’avait pas osé utiliser le bâillon pour imposer sa vision. Patate.
Le défi
Sonia LeBel a carrément choisi de repartir à zéro en déposant un tout nouveau projet de loi en vue d’atteindre les mêmes objectifs. Elle a fait le ménage de quelques irritants et donné suite aux propositions des organismes compétents qui s’étaient prononcés le printemps dernier.
Compte tenu du contenu du projet de loi et de l’approche de Sonia LeBel, la pression est nettement plus grande cette fois-ci sur les partis d’opposition pour collaborer.
Faire adopter ce projet de loi, régler les négociations du secteur public. Gros tests en vue pour la présidente du Conseil du trésor cet automne !