Mario Dumont Mercredi, 9 décembre 2020 05:00 - Quatre-vingts professeurs suggèrent de profiter de l’arrêt de Noël pour mettre le Québec sur pause.
https://www.journaldemontreal.com/2020/12/09/tant-qua-sacrifier-noel
Devant notre incapacité à juguler la pandémie avec les mesures actuelles, ces experts de divers domaines croient qu’un geste plus fort s’impose.
Sur le fond, ils ont raison. Un confinement planifié entre le 18 décembre et le 4 janvier n’aurait pas le même effet négatif que l’arrêt soudain et brutal du printemps dernier. Dans le temps des Fêtes, les écoles, cégeps et universités sont déjà fermés. Beaucoup plus de gens sont en congé dans les entreprises, certaines interrompant carrément leurs activités.
Peu de périodes de l’année offrent une telle opportunité de mettre les activités non essentielles en arrêt avec un minimum d’impact.
Ça va mal
Appelons les choses par leur nom : les choses ne vont pas bien. Le Québec a évité une flambée des cas de COVID‐19 grâce aux fermetures déjà annoncées, mais la situation n’est pas sous contrôle. Elle se détériore lentement mais sûrement, quel que soit l’indicateur que vous regardez.
Le nombre de cas à la hausse indique un fait simple : il y a encore trop de contacts dans la société. La COVID-19 gagne du terrain. Seul un coup de frein plus énergique pourrait renverser la tendance.
Pire que le nombre de nouveaux cas, le nombre d’hospitalisations augmente. Encore plus rapidement depuis deux semaines. Nous approchons dangereusement de la capacité d’accueil de 1000 lits qui avait été établie pour les patients de la COVID.
Cette semaine, les hôpitaux commencent le délestage. On annule et reporte environ la moitié des rendez-vous et des chirurgies. On aura beau garantir que ce qui est reporté est non urgent, la vérité est qu’en matière de santé, les bobos non traités ont tendance à se compliquer.
La situation dans les hôpitaux s’annonce de plus en plus critique, pour ne pas dire bordélique, pour la période des Fêtes. Le mois de janvier sera pire. Et imaginez si l’on doit annoncer au personnel déjà à bout de souffle qu’on n’est pas en mesure de leur donner le moindre congé aux Fêtes...
Les décès sont aussi en hausse. Nous en sommes presque à un taux de 1000 décès par mois de la COVID-19.
Vraiment éprouvant
En somme, la proposition d’une pause à Noël a deux vertus : le coup de barre paraît nécessaire et le moment est le mieux choisi. Voilà pour le principe, la partie facile.
Dans la pratique, la décision s’avère beaucoup plus difficile : quoi fermer ? Les commerces non essentiels ? Priver du temps des Fêtes des commerces qui ont déjà une année 2020 terrible va les achever.
Les centres de ski ? Les familles vous diront que c’est tout ce qu’il reste ! Je pourrais continuer ainsi.
L’idée de la halte de Noël semble logique. Sa mise en application est terrible pour un gouvernement.
Il faudrait expliquer, bâtir un consensus large incluant l’opposition et préparer des compensations économiques en béton. Il fera tout pour l’éviter.
À ce jour, la pandémie nous a forcés constamment à faire ce qu’on voulait éviter.