Le droit d’être choqués - Mario Dumont

Mario Dumont Vendredi, 4 décembre 2020 05:00 - Neuf mois de contraintes. Pas de rassemblements à Noël. Nous avons hâte d’en sortir.

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/04/le-droit-detre-choques

Depuis que les scénarios de vaccination se précisent aux États-Unis et en Europe, une nervosité s’installe au Canada. Des pays comparables au nôtre fixent des dates et présentent des scénarios précis de vaccination. Pendant ce temps, le gouvernement canadien semble pris au dépourvu, incapable de donner des réponses précises.

La conférence de presse de la Santé publique d’hier nous garde dans le même scénario approximatif. Un premier 3 millions de Canadiens obtiendraient un vaccin dans le premier trimestre de 2021. Janvier, février, mars ? Bien flou. Et à quel rythme entreraient les vaccins ensuite ? Bien flou. 

Une majorité (50 % + 1) de la population serait vaccinée fin septembre et l’opération serait complétée quelque part en décembre. Bien après les autres.

La faute à qui ?

Les libéraux blâment les conservateurs pour la perte de capacité de produire des vaccins ici. Les conservateurs blâment les libéraux de s’être naïvement fiés à un partenariat avec la Chine, qui nous a laissé tomber. On devra s’interroger un jour sur les causes. Aujourd’hui, l’urgence est à trouver des solutions.

Vouloir être parmi les premiers à se procurer le nouveau modèle d’un téléphone cellulaire, c’est une fantaisie ! Cela ne s’applique pas à la course au vaccin. Éviter de se retrouver en retard pour les vaccins ne relève pas d’un enfantillage ou d’une impatience futile. 

Prix énorme

Pour certains, ce sera une question de vie ou de mort ! Au rythme actuel d’une trentaine de décès par jour, deux mois, trois mois de retard, cela représente une différence de quelques milliers de pertes de vie, pour le Québec seulement. 

C’est aussi une question de vie ou de mort pour certains commerces. Ceux qui sont forcés de fermer sont un peu plus fragiles et en danger chaque mois. Les restaurants, les cinémas, l’industrie du spectacle, ils sont nombreux à craindre pour l’avenir. 

Et même si l’on permettait aux restaurants de rouvrir, les règles sanitaires leur coûtent des sous, la limitation du nombre de clients les prive de revenus. Le vaccin, c’est la différence entre vivoter pour sauver sa peau et repartir pour le vrai. C’est toute la reprise économique qui est compromise.

Quelques mois d’attente pour des vaccins, cela représente un allongement de la période de pression extrême sur le système de santé. Du personnel épuisé, des chirurgies reportées, de l’absentéisme, nous avons vu les impacts de la pandémie sur le système de santé. 

Il faut mettre dans la balance la souffrance humaine, l’isolement, le désespoir. Les préoccupations pour la santé mentale font partie du paysage depuis le printemps. À un moment, il faut voir la lumière au bout du tunnel, et pas seulement dans le pays voisin.

Nous pourrions aussi rencontrer d’autres désagréments. Imaginons que les touristes canadiens ne soient plus accueillis dans certaines destinations parce que pas encore vaccinés.

En somme, le Canada paiera un prix très élevé pour chaque mois de retard à faire vacciner sa population. Notre gouvernement dépensier aurait-il négligé l’investissement crucial ?

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