Pour un véritable antiracisme - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 18 mars 2021 05:00 - On apprenait hier dans La Presse que le CLSC des Laurentides est à la recherche

explicitement d’une personne blanche pour interagir avec un patient plus que difficile avec de forts troubles cognitifs, habité par des préjugés raciaux. 

https://www.journaldemontreal.com/2021/03/18/pour-un-veritable-antiracisme

Comme tout le monde, j’étais renversé qu’une telle demande soit non seulement imaginable, mais que les institutions publiques cherchent à y répondre. C’est hallucinant.

Comment peut-on légitimer une logique de préférence raciale dans une société qui se veut démocratique et universaliste ?

Une telle demande est tout simplement scandaleuse et relève d’une logique raciste.

Discrimination

Pourtant, une chose me chicotait : se pourrait-il que notre indignation devant la discrimination raciale soit asymétrique, et fonctionne selon la logique du deux poids, deux mesures ? 

Je m’explique : au début de l’année, un quotidien d’ici lançait des « bourses de la diversité » réservées aux minorités raciales et ethniques. 

Je traduis, pour ceux qui ne comprendraient pas : les « personnes blanches » sont formellement exclues de ces bourses. 

N’est-ce pas une discrimination raciale de même nature ?

Suffit-il que la discrimination raciale se réclame de la « promotion de la diversité » pour se faire anoblir médiatiquement ? 

Est-il légitime de privilégier certaines couleurs de peau et illégitime d’en privilégier d’autres ? 

Autre exemple : dans nos universités, les réunions non mixtes réservées aux « racisés » ne sont pas rares. Je traduis encore une fois : je parle de réunions dont les personnes blanches sont formellement exclues. 

Et quand nos universités entendent explicitement privilégier l’embauche des « non-Blancs » dans les postes de professeur, au nom de la « discrimination positive », n’est-ce pas aussi une discrimination raciale qui devrait être condamnée ? L’intégration du critère racial lorsque vient le temps de sélectionner un candidat n’est-elle pas toujours une mauvaise idée ?

Convenons que l’exemple vient de loin.

On apprenait hier que l’Université Columbia organisera cette année ses cérémonies de remise des diplômes en séparant les gens en fonction de leur couleur de peau. 

Autrement dit, elle appliquera une logique ségrégationniste. On ne parle pas ici d’une institution perdue dans le fin fond de la vieille Amérique raciste, mais d’une institution qui légitimera le communautarisme racial au nom du multiculturalisme.

C’est le paradoxe de l’antiracisme contemporain : il prétend lutter contre le racisme en enfermant chacun dans son identité raciale. Et après avoir enfermé tout le monde dans sa couleur de peau, il valorise certaines identités raciales et en dévalorise d’autres.

Plus encore : il dénonce ceux qui refusent de le faire et les accuse de « daltonisme racial ». C’est le monde à l’envers. 

Inacceptable

La logique raciale, ou pour le dire autrement, le racialisme, est l’ennemi de l’humanisme authentique. 

Alors on y revient : cette offre d’emploi, à Saint-Eustache, est absolument condamnable. Les services publics ne devraient d’aucune manière légitimer les préjugés raciaux, quels qu’ils soient. 

Mais il serait bien que notre indignation cesse d’être à géométrie variable. 

Je crois aux vertus du véritable antiracisme. Et ce dernier ne devrait pas fonctionner selon la logique du deux poids, deux mesures, même s’il prétend le faire au nom de la « diversité ». 

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