Retrouver le plaisir de la vie libre - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Mercredi, 3 novembre 2021 05:00 Ainsi, un symbole après l’autre, nous sortons pour de bon de la pandémie.

Nous voyons peut-être même venir le jour où nous ne ferons plus le décompte des cas et des hospitalisations aux nouvelles quotidiennement.

https://www.journaldemontreal.com/2021/11/03/retrouver-le-plaisir-de-la-vie-libre

Il faut dire que le commun des mortels vit désormais comme si la pandémie était chose oubliée. Qui s’interdit désormais un souper entre amis parce que le nombre de convives dépasse je ne sais quelle consigne résiduelle des mois passés ? Qui vit encore dans l’angoisse de la poignée de main meurtrière ? Qui est encore traversé par l’angoisse qui aura poussé l’humanité à s’encabaner pendant plus d’une année ?

Et pourtant, le retour de la danse et du karaoké n’est pas sans signification. Ils représentent plus que des activités ordinaires à nouveau autorisées.

Karaoké

À la danse, on se touche, on se rapproche, il arrive même qu’on s’embrasse et qu’on se frotte ! À la danse, la distanciation sociale ne veut plus dire grand-chose. En fait, elle est même contre-indiquée ! Qui autorise la danse autorise le contact des corps !

Au karaoké, on chante en groupe, mais surtout, on hurle, on postillonne ! Oui, on postillonne ! Sachant la mauvaise réputation qui a frappé ces lieux de réjouissance l’année passée, on comprend la signification de leur réouverture. 

Que de choses impensables il y a quelques mois à peine, quand nous vivions au rythme des confinements et des interdictions s’accumulant ! 

Retour en mars 2020. Nous sommes entrés dans une expérience historique inédite. 

Plusieurs se demandèrent, et j’en étais, si cette épreuve allait laisser des traces psychiques. Allions-nous porter la balafre mentale du confinement ? Allions-nous conserver certaines habitudes associées à l’expérience du confinement ?

C’était une vraie question. 

Les mois sont passés, les vaccins ont été administrés, et ce qui nous frappe et me frappe, c’est que la bête humaine parvient même à se délivrer des traumatismes. 

Elle réapprend la convivialité. Elle réapprend la fête. Elle réapprend à danser. Elle réapprend à chanter. Elle réapprend même, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’insouciance ! 

Et tel est le mot magique qu’il nous fallait écrire, et prononcer : l’insouciance. Le droit de vivre sans gravité, sans angoisse, de renouer avec la joie de vivre.

Certains grogneront discrètement en disant que le passeport sanitaire est encore là. Ils se demanderont à quel moment nous pourrons enfin en finir avec lui. 

2020

Leur interrogation est légitime : un jour, il faudra bien en finir avec cela. Mais il faut bien avouer que la chose ne suscite pas de grandes passions, sauf dans une petite mouvance de la population qui a décidé d’en faire un enjeu idéologique majeur. Le commun des mortels, avec raison, les regarde avec perplexité.

L’urgence n’est pas là.

Car d’une poignée de main à une autre, d’une bise à une autre, d’une danse à une autre, d’une chanson à une autre, il aura retrouvé le plaisir de la vie libre, même si cette liberté n’est jamais totale, évidemment.

Quoi qu’on en pense, il y a de vraies raisons de se réjouir aujourd’hui.

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