L’hiver le plus long - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 8 octobre 2020 05:00 - Oublions dès maintenant les 28 jours d’abstinence sociale. 

https://www.journaldemontreal.com/2020/10/08/lhiver-le-plus-long

Vu la situation, d’une manière ou d’une autre, à la fin octobre, on peut croire que l’essentiel des mesures sanitaires actuelles sera reconduit. 

Reste à voir si le gouvernement tolérera quelques assouplissements. Mais globalement, nous vivrons à peu près confinés, dans une ambiance un peu glauque. 

Imaginez novembre confiné. Imaginez décembre confiné. Imaginez-vous confinés jusqu’au printemps. Telle sera vraisemblablement notre réalité des prochains mois. 

Covid

Telle sera notre vie suspendue, dans l’attente d’un vaccin ou de médicaments.

Ce sera l’hiver le plus long, dans un pays, le Québec, où il est déjà interminable. On ne sous-estimera pas ses effets dévastateurs sur le plan psychologique. 

Et si la recherche médicale peut faire des miracles, elle prend son temps pour les faire, hélas.

Ce maudit virus sera avec nous pour un bon moment. 

C’est ainsi qu’on cherche, pour l’instant, à casser la deuxième vague, dans l’attente, je suppose, de la troisième, et de celle qui suivra. 

Le gouvernement pourrait probablement mieux gérer la crise. On peut toujours mieux faire. Mais un minimum d’honnêteté suffira pour convenir qu’aucun gouvernement, pour l’instant, n’a trouvé la solution pour gérer une crise exceptionnelle à l’échelle de l’histoire récente. 

L’homme moderne aime se croire tout puissant. Il transforme tous les problèmes existentiels en problèmes techniques. 

S’il ne croit plus en Dieu, c’est en partie parce qu’il se prend pour Dieu. La mort se présente moins à lui comme une fatalité existentielle qu’on doit affronter avec les ressources variées de la religion et de la spiritualité qu’à la manière d’un problème médical non résolu auquel la science trouvera une réponse. On y verra une forme de matérialisme extrême. 

Mais depuis quelques mois, on l’a vu, un sale petit virus peut venir dérégler l’ensemble de la machine sociale. 

Ce qui nous amène à nous poser une question : que veut dire vivre avec le virus ? 

On nous répète : restez chez vous. Très bien, c’est ce que nous faisons. Mais le confinement à perpétuité ne saurait être un destin durable et tolérable tout à la fois. Une société claquemurée blesse les corps et mutile les âmes. 

Il importe alors, dès maintenant, de savoir comment vivre en pandémie – je dis bien vivre, et pas seulement survivre. 

Restaurants

Les restaurants, les théâtres et les cinémas avaient commencé à nous donner l’exemple d’une société s’adaptant à cette situation nouvelle. 

En les fermant à nouveau il y a quelques jours, le gouvernement a retardé notre adaptation à la normalité covidienne. En interdisant aux gens de se fréquenter minimalement dans leurs maisons, il en fait autant. 

C’est une drôle de guerre contre le virus que nous nous apprêtons à mener au cours des prochains mois. La capacité de résistance de la population n’est pas infinie. Tôt ou tard, elle demandera au gouvernement de passer de la gestion d’urgence à la gestion à moyen terme de la pandémie.

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