Mathieu Bock-Côté Jeudi, 1 octobre 2020 05:00 - Régis Labeaume a dû porter plainte à la police. Il a reçu des menaces de mort ces derniers jours.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/01/une-societe-violente
Il a bien fait, comme Pascal Bérubé a eu raison de le faire lorsqu’un militant antimasque radicalisé s’en prenait à lui violemment sur Twitter.
De telles menaces sont inacceptables. Il faut convenir qu’elles sont aussi banales dans une société connectée constamment sur des réseaux sociaux qui gardent la population dans un état de surexcitation permanent.
On le voit sur Facebook. Si certains y publient en permanence des photos de mignons chatons, d’autres s’y jettent comme dans une mêlée inarrêtable. Ils n’y débattent pas : ils y vomissent. Ils cherchent à humilier en calomniant.
Intimidation
On en trouve à gauche comme à droite. La hargne est bien répandue entre les camps.
On le voit aussi sur Twitter, où la culture du lynchage s’est banalisée. Ceux qui y passent une partie de leur vie semblent toujours en quête d’une nouvelle dose d’indignation. Ils y sont drogués.
Les uns veulent dénoncer les « racistes », les autres font la chasse aux « mondialistes ». Et cela sans oublier les poissons vidangeurs qui écument internet à la recherche de captures d’écran bien grasses qui vaudront leur lot de likes indignés.
La vie sociale est aspirée par une machine polarisante.
Cette violence n’est plus limitée aux réseaux sociaux. Le réchauffement global des passions politiques se fait sentir dans la rue. La violence s’est déconfinée.
On le voit quand des miliciens antimasque s’improvisant justiciers prétendent arrêter dans la rue le journaliste Daniel Thibault – qu’ils confondaient d’ailleurs avec le député Mario Beaulieu. Vu la situation actuelle, jusqu’où iront ces coucous enragés convaincus de lutter contre la tyrannie ?
On le voit aussi, et à plus grande échelle, aux États-Unis, quand des milices antifas imposent leur loi dans certaines villes, en instrumentalisant la lutte contre le racisme pour pousser une partie de la population à l’émeute et vers le pillage.
On le voit dans les universités où une partie de la jeune génération endoctrinée dans ses classes et fanatisée sur les réseaux sociaux se donne le droit de verser dans la violence physique et les menaces les plus ouvertes pour empêcher la venue de conférenciers heurtant le politiquement correct.
Une question s’impose : peut-on en sortir ? À court terme, j’en doute. La violence politique est la norme plus que l’exception dans l’histoire, et il m’arrive de redouter que la démocratie libérale n’ait été qu’une parenthèse dans l’histoire de notre civilisation.
Devant cela, on peut espérer, à tout le moins, une vraie fermeté des institutions.
Quand un fou furieux menace un politicien, les autorités doivent réagir.
Émeute
Quand des étudiants radicalisés se transforment en meute agressive dans une université, les autorités universitaires ne doivent pas flancher non plus.
Et quand des extrémistes se croient en droit de transformer l’émeute en instrument de protestation sociale légitime, l’État doit savoir résister.
La démocratie doit se défendre contre ceux qui la méprisent.