Mathieu Bock-Côté Samedi, 19 décembre 2020 05:00 - Mario Dumont, dans sa chronique, hier, dénonçait, à la suite du Devoir, la marginalisation à peu près totale
des Québécois francophones dans la diplomatie canadienne. Mario Dumont a évidemment raison de dénoncer cela.
https://www.journaldemontreal.com/2020/12/19/le-canada-toujours-plus-anglais
Comment un pays se disant officiellement bilingue peut-il évacuer ainsi une de ses deux langues officielles ?
Démographie
La réponse est simple : le bilinguisme, au Canada, n’aura jamais été qu’une brève parenthèse dans son histoire, à la manière d’une concession faite aux Québécois quand ceux-ci envisageaient l’indépendance. Pour les en détourner, il fallait faire quelques accommodements linguistiques et donner aux Québécois l’impression qu’on les respectait.
Aujourd’hui, cette parenthèse se referme. Le Canada ne nous voit pas comme un peuple fondateur, mais comme une minorité ethnique xénophobe, aux prétentions nationales démesurées.
Et quoi qu’en pensent des autonomistes de bonne foi comme il y en a tant à la CAQ, la tendance ne s’inversera pas, parce qu’elle est inscrite dans la démographie.
Le poids du Québec et des francophones ne cesse de régresser dans le Canada. Même un miracle de proportion biblique n’y changerait rien.
Voudrait-il nous tendre la main, comme Erin O’Toole semble vouloir le faire, que cela ne changerait rien à une dynamique démographique nous condamnant à peser de moins en moins dans ce pays.
Français
Le bilinguisme relèvera un jour des simples apparats symboliques. La politique est une question de rapports de force.
Une conclusion s’impose. Elle relève moins de l’indépendantisme pur et dur que du simple bon sens et de la lucidité démographique : ce n’est pas d’une concession linguistique circonstancielle dont nous avons besoin pour sauver le français, mais de maîtriser pleinement notre destin.
Si nous nous entêtons à ne pas faire la souveraineté, nous deviendrons collectivement impuissants et minoritaires, même au Québec.
Nous avons besoin d’un pays indépendant pour survivre, pour vivre et nous élancer vers le monde en français.