Michel Girard Samedi, 27 juin 2020 05:00
À vrai dire, on a tout à gagner avec la nomination de Christian Dubé à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Dans le cadre de son remaniement, c’est un bon coup de François Legault de remplacer la vaillante et dévouée ministre Danielle McCann par le président du Conseil du trésor.
En cette période de guerre contre la COVID-19, le premier ministre estime que ça prend un gestionnaire de haut niveau pour hausser la productivité et l’efficacité au sein de ce méga ministère.
Et Christian Dubé en a certes les atouts. Comptable agréé de formation, il a notamment occupé au cours de sa longue carrière professionnelle des postes clés de vice-présidence à la Caisse de dépôt et placement du Québec, et précédemment chez Cascades et Domtar.
Reste à voir maintenant si le gestionnaire Christian Dubé réussira à faire du ministère de la Santé et des Services sociaux un ministère à la hauteur des besoins de la population et des sommes colossales que le gouvernement y consacre.
LES PLAIES À PANSER
Les critiques envers le réseau de la santé et des services sociaux sont nombreuses et virulentes. Elles portent sur :
- La confusion dans les directives de déconfinement et de distanciation
- L’hécatombe dans les CHSLD à cause de la COVID-19
- La pénurie de personnel menant au surmenage
- Les délais de traitement souvent déraisonnables
- Le manque de marge de manœuvre de notre système de santé
- Les longues listes d’attente
- Les débordements à l’urgence des hôpitaux
- La planification trop centralisée de l’allocation des ressources
- La difficulté de trouver un médecin de famille pour 20 % des Québécois
- La durée médiane de séjour pour les patients sur civière, la même depuis 15 ans
- L’autonomie encore trop restreinte des infirmières praticiennes et des pharmaciens
- L’accès trop limité aux services médicaux de première ligne
- La trop fréquente « médecine de corridor » de nos hôpitaux
- Le sous-investissement en équipement médical
- Le contingentement artificiel dans les facultés de médecine
- Les exigences trop élevées imposées aux médecins déjà formés venus d’ailleurs
- Les difficiles conditions de travail des infirmières
- La déficience du système informatique
Et que dire des controversées primes versées aux médecins spécialistes !
Comme on peut le constater, il y a beaucoup de « plaies à panser » dans le réseau de la santé et des services sociaux.
LE DÉFI À RELEVER
Christian Dubé réussira-t-il à « opérer » plus efficacement le gigantesque réseau que ses prédécesseurs, soit sa collègue travailleuse sociale Danielle McCann et les quatre docteurs qui l’ont précédée, Gaétan Barrette, Réjean Hébert, Yves Bolduc et Philippe Couillard ?
Pour paraphraser l’ancien slogan de François Legault, qui a lui-même occupé ledit poste de ministre de la Santé : on verra !
Cela dit, Christian Dubé se retrouve à la tête d’un gigantesque ministère dont l’organigramme gouvernemental de 154 cases comprend notamment deux ministres, Marguerite Blais (ministre responsable des Aînés et des Proches aidants) et Lionel Carmant (ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux) ; 12 organismes provinciaux ; une sous-ministre (Dominique Savoie) qui chapeaute 11 directions générales avec sous-ministres adjoints, lesquels chapeautent à leur tour 117 directions.
Ça... c’est seulement le ministère.
Avec ses 309 786 employés et 19 662 médecins omnipraticiens et spécialistes, le réseau de la santé et des services sociaux comprend également 116 hôpitaux, 22 centres intégrés (CISSS/CIUSSS), 7 centres hospitaliers (CHU, IU, etc.), 299 CLSC, 400 CHSLD, 1791 résidences privées pour aînés, 1413 cliniques médicales, 392 groupes de médecine de famille, 1902 pharmacies, 7812 familles d’accueil, 1859 ressources intermédiaires, 101 entreprises d’économie sociale en aide domestique, 3628 organismes communautaires, 717 ambulances.
Et pour en payer la facture, Christian Dubé dispose de 51 milliards de dollars.
Un petit regain d’efficacité avec ça ?