Richard Martineau - Vous connaissez le concept des « faux amis » en traduction ?
Ce sont des mots appartenant à deux langues distinctes qui semblent vouloir dire la même chose, mais dont la signification est en fait différente.
Par exemple : « lecture ».
Le mot existe en anglais et en français, mais ne veut pas dire la même chose.
En français, « lecture », c’est l’acte de lire. J’aime la lecture.
En anglais, c’est une conférence. The teacher gave us a lecture.
On croit que ces deux mots ont la même signification, mais c’est faux.
JE NE FAIS PAS PARTIE DE VOTRE GANG
Eh bien, moi, ces temps-ci, j’ai des « faux amis » parmi mes lecteurs.
Des gens qui croient que je pense comme eux, alors que c’est complètement faux.
Parce que je dis que je trouve certaines consignes sanitaires trop sévères (comme la fermeture hermétique des frontières, par exemple) et que j’ai écrit il y a deux jours que le temps est peut-être venu d’apprendre à vivre avec la COVID et d’embrasser le concept de « risque acceptable », des gens (comme Éric Duhaime du Parti conservateur du Québec) écrivent sur les médias sociaux : « Bon, Martineau arrive en ville, il pense maintenant comme nous et répète ce que nous nous évertuons à dire depuis des mois. »
Euh... non, les amis, je m’excuse, vous êtes très gentils de m’inviter à faire partie de votre club, mais je décline.
Voyez-vous, comme disent les Anglais, tout est affaire de « timing ».
Vous, vous vouliez que le gouvernement lève les consignes AVANT qu’on commence à vacciner les gens.
Moi, je veux que le gouvernement lève certaines consignes parce que PLUS DE LA MOITIÉ DES GENS SONT VACCINÉS.
Ce n’est pas du tout la même chose !
LA GRANDE RÉCONCILIATION ?
De plus, je suis prêt à vivre avec un « risque acceptable » d’attraper la COVID maintenant que la vaccination va bon train, que le nombre de gens vaccinés augmente et que le nombre de décès et d’hospitalisations baisse.
Vous, vous étiez prêt à vivre avec la COVID au début de la pandémie ! Alors que personne n’était vacciné !
Je m’excuse, les amis, mais là encore, ce n’est pas du tout la même chose !
« C’est la grande réconciliation entre ceux qu’on appelait les COVID-sceptiques et ceux qu’on appelait les COVID-peureux », m’a écrit un ami.
Euh... non.
Du tout.
En mars 2020, je voulais que Trudeau ferme les frontières. Aujourd’hui, je veux qu’il les ouvre (à tout le moins, aux gens qui sont doublement vaccinés).
Pourquoi ? Parce que la situation a changé.
Mon discours, au fil des 15 derniers mois, a suivi l’évolution de la pandémie et de la campagne de vaccination.
Vous, vous avez toujours tenu le même discours depuis les tout débuts.
Ce n’est pas parce que nous nous rejoignons maintenant que nous faisons partie du même club.
Oh que non !
Gardez-vous une petite gêne et réfrénez votre envie de m’embrasser, s’il vous plaît.
Je continue de penser que votre attitude était irresponsable.
Il y a une différence entre vouloir enlever les digues au début d’une inondation, et vouloir les enlever à la fin, alors que la rivière s’est calmée et que le niveau de l’eau a baissé.