Richard Martineau Mercredi, 26 août 2020 05:00 : La scène se déroule au quartier général de l’UFAC, l’Unité de force anticorruption.
https://www.journaldemontreal.com/2020/08/26/les-charlots-menent-lenquete
Le chef s’adresse à ses troupes.
« Chers amis, bonjour. Comme vous l’avez lu dans le mémo que je vous ai envoyé hier, j’ai une annonce importante à vous faire.
À partir de 18 h ce soir, nous allons mettre les enquêtes Jambon, Poulet pressé et Bacon sur pause.
Tous les enquêteurs et enquêteuses qui travaillent sur ces dossiers depuis janvier 2010 devront cesser toute activité de surveillance, d’écoute électronique et de filature. »
Les agents se regardent sans comprendre. On les entend dire : « Hein ? Quoi ? »
« Vous avez bien compris. On tire la plogue sur ces enquêtes. À la place, vous allez tous être réaffectés à une autre enquête que nous considérons comme majeure : l’enquête Saucisse !
— Mais, monsieur le directeur, l’enquête Jambon était sur le point d’accoucher ! Un indicateur nous a dit qu’après-demain, un homme haut placé dans le gouvernement allait rencontrer un individu proche des milieux criminels dans un hôtel de Laval.
On a le numéro de chambre, on a fait installer des caméras et des micros...
— Arrêtez tout ! Retournez à l’hôtel et reprenez tout votre matériel, c’est un ordre !
— Mais, monsieur le directeur, on parle ici d’une fraude majeure et d’une enquête qui a coûté des millions de dollars aux contribuables !
— Ça ne fait rien, il faut tout arrêter ! Car à côté de la nouvelle enquête que nous allons lancer ce soir, tout cela est de la petite bière.
En effet, chers amis, l’enquête Saucisse s’annonce comme la plus grosse et la plus importante enquête jamais menée par un corps policier dans l’histoire du pays !
Nous allons y consacrer toutes nos énergies, toutes nos ressources et tout notre temps – même tout notre budget, s’il le faut !
Car il ne s’agit pas d’épingler un simple fraudeur, ou un banal collecteur de fonds qui promettait des petits contrats en échange de minimes contributions à un parti politique, non !
On parle ici d’un criminel d’envergure, d’un bandit de grand chemin, d’un individu sans foi ni loi qui a mis les fondements mêmes de notre société en danger !
On parle ici de coffrer l’ENNEMI PUBLIC NUMÉRO UN DU QUÉBEC !
— Mais, mon Dieu, monsieur le directeur, qu’a fait cet individu ? »
Le directeur commence à parler, puis s’arrête. Sa voix tremble, ses yeux sont pleins d’eau. On le sent ému, troublé...
« Il a... Il a... »
Les agents le regardent fixement, suspendus à ses lèvres.
« Il a parlé à un journaliste !!!! »
Cris d’horreur. Dans le fond de la salle, un enquêteur s’évanouit.
« Oui, chers amis ! Nous avons une taupe au sein de notre service ! Mais j’ai une bonne nouvelle : on vous accorde des pouvoirs spéciaux pour mener cette enquête à terme !
Vous pouvez fabriquer des preuves, arrêter un élu en fonction, espionner des journalistes, saloper des réputations... The Sky is the limit ! Tout ce qui compte, c’est le résultat !
Trouvez-moi ce chien sale au plus sacrant ! Allez ! »
Note : cette histoire est, bien sûr, fictive et toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant déjà existé est fortuite.