Richard Martineau Jeudi, 1 octobre 2020 05:00 : Le comédien Patrice Coquereau a écrit sur sa page Facebook hier : « Je n’ai pas regardé le débat Trump-Biden, et j’ai très bien dormi. »
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/01/pas-hate-au-4-novembre
Tant mieux pour lui.
Car moi, je l’ai regardé, et j’ai très mal dormi.
À quand un prix littéraire ?
Êtes-vous allé dans une librairie anglophone dernièrement ?
La littérature anti-Trump est devenue un genre en soi. On ne compte plus le nombre d’essais qui pourfendent Trump. Ils occupent des rayons complets.
Trump le menteur, Trump l’apocalypse, Trump le psychopathe, Trump le voleur, Trump le raciste...
On devrait remettre un prix littéraire à Trump, car il a réussi à relancer le milieu de l’édition à lui tout seul.
Bientôt, même son chien va écrire un livre sur lui.
L’antitrumpisme est devenu une industrie lucrative qui fait vivre des milliers de travailleurs – journalistes, imprimeurs, caricaturistes, imitateurs...
Personnellement, j’ai toujours ressenti un certain malaise face à cette vague, que dis-je ! ce tsunami de haine.
« Revenez-en, me disais-je. Le gars a gagné ses élections, il doit y avoir une raison ! Si vous voulez absolument blâmer un groupe, blâmez les démocrates qui ont abandonné les victimes de la mondialisation, pavant ainsi la voie à l’élection de Trump ! »
À quand des livres sur les démocrates élitistes, les démocrates bourgeois, les démocrates déconnectés du peuple ?
Vite, au travail ! Faites rouler les presses !
Néron
Mais j’ai vu le débat de mardi, et j’ai capoté.
L’homme est bel et bien dangereux.
Un clown ? Oui, mais maléfique, vénéneux. Une grenade dégoupillée.
Vous vous souvenez de la fin du film The Joker ? Les émeutes, le pillage, l’anarchie ? Tout ça au nom du combat du « peuple contre l’establishment » ?
Eh bien, ça me semble la bande-annonce de ce qui nous attend le 4 novembre s’il perd.
Comme Néron, le Grand Orange va jouer du violon pendant que son pays brûle.
Et il descendra lascivement l’escalier central de la Maison-Blanche sur Rock & Roll (Part II) de Gary Glitter.
Trump l’a dit haut et fort : il met les Proud Boys (une bande de suprémacistes blancs lourdement armés) en réserve si jamais il a besoin de leur aide, et il est hors de question qu’il reconnaisse les résultats de l’élection si jamais Biden gagne.
Il ne se cache même plus.
Ils rêvent d'en finir
Vous me direz : bof, c’est aux États-Unis, pas ici.
Oh yeah ?
Avez-vous entendu le discours des antimasques crinqués ? Ceux qui brandissent le drapeau confédéré lors des manifs ?
C’est le même discours que Trump.
D’ailleurs, Alexis Cossette-Trudel est un fan fini de Trump. Il est venu chanter les louanges de son idole aux Francs-Tireurs.
C’est le même réquisitoire parano anti-élite. La même diarrhée populiste propeuple.
Le même délire.
Avec, en arrière-fond, la même agressivité, le même désir à peine voilé de violence.
Ils sont à la droite ce que les Black Blocs sont à la gauche.
Les deux faces d’une même pièce.
Une secte
À ce degré de fanatisme, on n’est plus dans le domaine de la politique.
On est dans celui de la religion.
Ces gens-là ne sont pas des militants, mais des adeptes.
Nous avons toutes les raisons du monde de craindre cet homme.