Richard Mardtineau Jeudi, 17 septembre 2020 05:00 : Rien de pire que des politiciens qui se sentent investis d’une mission...
https://www.journaldemontreal.com/2020/09/17/les-missionnaires
Prenez le maire de Bordeaux, l’une des capitales du vin en France.
Chaque année, à l’approche des fêtes, on installe un gros sapin de Noël dans le centre de la ville de Bordeaux, juste devant la mairie.
Or, cette année, le maire a décidé de mettre fin à cette tradition.
Pourquoi ? Pour ne pas offenser les musulmans ?
Non.
Parce qu’il est écolo et qu’il refuse «d’installer un arbre mort».
LA RELIGION VERTE
Pour cet écolo radical, couper un arbre, l’installer au milieu d’une place publique et le décorer avec des lumières, c’est comme organiser une corrida.
C’est tuer un être vivant à des fins de divertissement.
C’est cruel, barbare, sauvage.
Plus de douze mille personnes ont signé une pétition demandant au maire d’honorer la tradition. « Nous ne voulons pas que Bordeaux devienne une ville triste, en particulier lors des fêtes de fin d’année », déplorent-ils, tout doucement.
Vous savez ce que l’adepte de la religion verte leur a répondu ? Il les a traités de fascistes.
Oui, monsieur.
Après Mussolini, Franco et Pinochet : François Pignon de Bordeaux qui aime voir des arbres de Noël illuminés.
Les fachos sont à nos portes, les amis !
Heureusement que de courageux résistants risquent leur vie pour défendre nos droits et nos libertés !
C’est quoi, la suite ?
Interdire les fleuristes ? Fermer les jardins botaniques, sous prétexte que les plantes qu’on y expose ne grandissent pas dans leur environnement naturel ?
UNE MISSION DIVINE
Dans Le fil de l’épée, l’essai qu’il a écrit en 1932 sur le leadership, le général de Gaulle affirme qu’un bon leader n’arrive pas avec des idées préconçues et des solutions toutes faites.
Il regarde la réalité et il s’adapte. Il s’ajuste.
À chaque problème, sa solution.
«On construit l’action sur les contingences», écrivait-il, en citant une de ses idoles, le philosophe Henri Bergson.
Or, les leaders messianiques, eux, n’agissent pas comme ça. Ils croient qu’ils ont été mis sur terre pour accomplir une mission divine.
Ils veulent notre bien et ils vont l’avoir.
Regardez la mairesse de Montréal Valérie Plante («la ricaneuse», comme l’appelle Gilles Proulx).
Elle l’a clairement dit à Pierre Bruneau : «J’ai une vision claire, et c’est d’organiser la ville du futur».
Et pour accomplir sa mission, madame la mairesse est prête à tout.
Éventrer l’une des principales artères commerciales de la ville et saigner à blanc tous les entrepreneurs qui y ont pignon sur rue.
Valérie Plante est en train de tuer Montréal. Littéralement.
La ville (qui a été frappée de plein fouet par la pandémie) essaie tant bien que mal de respirer, et au lieu de l’aider, la mairesse lui bouche les narines en regardant sa montre et en tapant du pied.
MARQUER L’HISTOIRE
«Je ne vais pas être gênée de penser à la ville du futur, a dit madame Plante. Je fais la ville pour mes enfants, mes petits-enfants...»
Offrir de bons services aux gens qui habitent Montréal maintenant n’est pas assez glorieux pour madame la mairesse.
Elle veut s’inscrire dans l’Histoire et révolutionner la façon dont on conçoit la ville.
Comme je l’écrivais au début : que Dieu nous préserve des politiciens qui se sentent investis d’une mission...