Richard Martineau Lundi, 4 mai 2020 05:00 : On le sait, depuis quelques années, certains mots ont été utilisés à tellement de sauces qu’ils ont presque été vidés de leur sens original.
https://www.journaldemontreal.com/2020/05/04/les-vrais-peureux
Fascisme, nazi, Hitler, génocide, racisme, sexisme, agression...
Quand le fait de s’écarter les jambes quand on s’assoit dans un autobus est considéré comme une agression, on se dit que le vocabulaire a décidément bien changé et que les mots ne veulent plus dire ce qu’ils ont pourtant bien dit pendant des centaines d’années...
PAS PEUREUX, RESPONSABLES
Dernier mot à avoir changé de sens : peureux.
À entendre certaines personnes, ceux qui craignent les conséquences potentiellement gravissimes d’un déconfinement trop hâtif sont des peureux.
Vraiment ? Sérieux ?
Pour moi, ces gens-là ne sont pas peureux, mais responsables.
C’est-à-dire, selon le dictionnaire Larousse (si les dictionnaires ont encore une quelconque utilité à cette époque de grande confusion) : « Qui sont réfléchis, sérieux, qui prennent en considération les conséquences de leurs actes. »
Contrairement à ce que disent leurs détracteurs, les « sceptiques du déconfinement », pour utiliser ce terme, ne sont pas des hyper émotifs, au contraire.
Ils basent leurs décisions sur les chiffres, les faits, les observations scientifiques actuellement disponibles.
Et ceux-ci sont clairs : Montréal n’est absolument pas prête à être « déconfinée ».
Les risques sont trop élevés.
Vous avez vu ce qui se passe dans les hôpitaux ? Et vous avez vu comment les Montréalais se sont comportés ce week-end dans les parcs ?
Vous pensez vraiment que c’est le temps d’ouvrir la ville ?
Posez la question aux travailleurs de la santé qui sont sur le point de péter au frette, vous allez voir ce qu’ils vont vous répondre...
« LIBAAAAAAARTÉ ! »
Vous voulez voir de vrais peureux ?
Regardez du côté des apôtres aveugles du déconfinement à tout prix.
Ces gens ont peur de tout.
Peur de perdre leurs droits et leurs libertés, peur de Big Brother, peur d’un gouvernement trop directif, peur d’un crash économique, peur de passer à côté de leur été, peur que la sécurité collective passe avant leur bien-être personnel...
Sans oublier d’autres peurs plus irrationnelles : peur de George Soros, du complot chinois, de l’OMS, du Nouvel Ordre Mondial...
Ces gens sont littéralement morts de peur.
Aux États-Unis, ils ont tellement peur qu’ils portent des gilets pare-balles et sont armés jusqu’aux dents.
Vous avez vu les points de presse d’Andrew Cuomo, le gouverneur de l’État de New York qui prône une approche responsable (et qui, si le monde était juste, serait à la tête des démocrates au lieu de Biden) ?
Il vous semble effrayé ?
Absolument pas. Il est calme, posé, garde la tête froide.
Ce sont les pseudos G.I.Joe qui ont l’air de trembler dans leur culotte...
CHACUN SUR SON ÎLE ?
Porter un masque et respecter les consignes de sécurité ne sont pas des manifestations de peur.
Ce sont des gestes altruistes.
Car, chers apôtres de la LIBAAAAAARTÉ, nous ne vivons pas chacun sur une plate-forme pétrolière à mille lieues des côtes.
Nous vivons en société.
Et nous devons prendre soin les uns des autres. Et penser aux conséquences de nos actes.