Richard Martineau Mardi, 22 décembre 2020 05:00 « La dictature sanitaire brise le lien social », ai-je lu cette semaine.
https://www.journaldemontreal.com/2020/12/22/qui-brise-le-lien-social
Vraiment ?
J’habite peut-être dans un univers parallèle, où le mot « dictature » veut encore dire quelque chose, mais je n’ai absolument pas la même lecture de la situation.
Savez-vous ce qui brise le lien social, selon moi ?
Les gens qui se foutent des autres.
Ça, ça fout une société à terre.
LE DÎNER DE CONS
C’est ma découverte de l’année.
Je ne savais pas qu’il y avait autant de gens qui se foutaient des autres au Québec.
Je croyais que nous étions plus solidaires.
Mais la pandémie nous a permis de voir que René Lévesque s’était mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude lorsqu’il a dit que nous formions « quelque chose comme un grand peuple ».
Le peuple québécois est un peuple comme les autres. Ni plus grand ni plus petit.
Ordinaire.
Le boutte du boutte, selon moi, a été atteint au centre commercial Place Rosemère.
Oh, il y a eu des rassemblements plus gros. Des partys illégaux de jeunes qui se croyaient protégés par leur âge, des mariages de juifs hassidiques qui se croyaient protégés par leur dieu, des manifs de conspirationnistes qui se croyaient protégés par leur « savoir » et leur « sagacité »...
Mais la danse de Place Rosemère occupe une place spéciale dans mon Panthéon personnel du « je-m’en-foutisme ».
Un étalement de bêtise « de classe mondiale », pour reprendre les mots de Thierry Lhermitte dans Le Dîner de cons.
Qui, vous vous en souvenez sûrement, disait aussi : « Il n’y a pas de mal à se moquer des abrutis, ils sont là pour ça, non ? »
Ces danseurs étaient tout fiers de montrer qu’ils se foutaient des autres. Tout contents.
Légers. Libérés, enfin, de l’obligation d’agir comme des citoyens responsables.
Heureux de se trémousser le nombril.
CONFORT ET INDIFFÉRENCE
Ma phrase de l’année ? « Je suis en forme, même si j’attrape la COVID, je n’en mourrai pas. »
Vous imaginez le vide intellectuel que ça prend pour dire ça ?
Même pas capable de penser qu’ils peuvent avoir contracté le virus, ne pas présenter de symptômes et le propager à d’autres, qui, eux, en crèveront.
Trois degrés de séparation de leur ego, c’est trop pour eux. Ils ne peuvent compter jusque là.
Comme ces bien-pensants qui sont tout fiers de dire qu’eux ne seront jamais des « mouchards » ou des « porte-paniers ».
Mes voisins organisent un super gros party ? Bof, pourvu que les gouttelettes qu’ils projettent ne se rendent pas jusqu’à mon nez, je m’en fous.
Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Ça ne me regarde pas.
Il est chanceux, le virus.
Il est apparu juste au bon moment.
À l’ère du confort et de l’indifférence.
À une époque où tout ce qui compte, en Occident, est le bonheur individuel.
Il y a quelques décennies, les Occidentaux avaient la couenne dure. Ils étaient prêts à faire tous les sacrifices pour protéger leurs proches.
Aujourd’hui, vous leur demandez de porter un masque quand ils vont acheter leur caisse de bières, et ils crient à la dictature.
COMME DES GRANDS
Quoi qu’en pensent nos bons libertariens, on n’a pas besoin du « méchant » gouvernement pour briser le lien social.
Nous sommes capables de le faire nous-mêmes.