L'année des braillards - Richard Martineau

Richard Martineau Mercredi, 23 décembre 2020 05:00 : Dans une entrevue-fleuve qu’il a accordée au magazine L’Express jeudi dernier, le président français Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots concernant notre époque.

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/23/lannee-bou-hou-hou

« Nous sommes devenus une société victimaire et émotionnelle, a-t-il dit. La victime a raison sur tout. Son discours l’emporte sur tout et écrase tout, y compris celui de la raison. »

LES BRAILLARDS PROFESSIONNELS

Je pense que la plupart des gens s’entendent pour dire que s’il y a une personne qui mérite le titre de « Personnalité de l’année », c’est le travailleur de la santé.

L’infirmier, le médecin, le préposé aux bénéficiaires (hommes et femmes, bien sûr — enfin, si on peut encore parler d’hommes et de femmes en 2020).

Mais s’il n’y avait pas eu la pandémie, j’aurais choisi l’indigné.

L’offusqué, le choqué, le scandalisé.

J’aurais mis une photo d’un gars qui pleure à chaudes larmes, avec la manchette : « Voici la personnalité de l’année 2020 ».

Le braillard.

Remarquez, on avait de vraies raisons, de pleurer, cette année.

La mort horrible de Joyce Echaquan, par exemple, agonisant sous les insultes racistes. Et ces enfants tués par leur père ou leur mère.

Ça, ce sont de vraies tragédies. Qui nous ont tous fendu le cœur.

Mais pour chaque vrai drame, combien de faux scandales montés de toutes pièces par la cohorte des braillards professionnels ?

« Cette image me blesse, ce mot me heurte, cette pièce m’insulte, ce tableau m’agresse, cette blague m’offense ! »

L’ANNÉE DU PETIT LAPIN

L’année 2020 fut l’année bou-hou-hou.

On me dit de porter un masque, bou-hou-hou !

Radio-Canada rediffuse des vieux épisodes de La Petite Vie, bou-hou-hou !

Une prof d’université a cité en classe le titre d’un livre de Pierre Vallières, bou-hou-hou !

Jusqu’au ministre du Patrimoine Steven Guilbeault qui a bu le Kool-Aid de la « victimite », affirmant à la grand-messe du dimanche que notre liberté d’expression s’arrête là où la blessure des autres commence.

Qu’est-ce qu’on fait, monsieur le ministre, quand tout le monde est blessé tout le temps ?

On se la ferme ? On ne dit plus rien ?

On prend son trou ?

Selon l’horoscope chinois, l’année 2020 fut l’année du rat.

Eh bien, selon mon horoscope à moi, c’était l’année du lapin.

Je dirais même : du petit lapin.

Tout tendre, tout sensible, tout délicat.

Vous lui dites de mettre son assiette sale dans le lave-vaisselle et il vous traite de nazi.

Le nom d’Hitler n’a jamais été prononcé aussi souvent.

Quand c’est rendu que les gens qui ont trois doigts dans chaque main se plaignent parce que dans un film mettant en vedette Anne Hathaway, on montre des sorcières qui ont trois doigts dans chaque main, on a touché le fond du baril.

Ne reste plus que le lobby des gens qui ont des vis dans la tête pour demander un boycott des films de Frankenstein...

ALERTE AMBER

Mon souhait pour 2021 ?

Qu’on se fasse pousser des couilles, greffer une colonne vertébrale et épaissir l’épiderme, ça presse !

Car si on continue comme ça, on va déclencher une alerte Amber juste parce que quelqu’un a vu un livre de Mathieu Bock-Côté dans la vitrine d’une librairie...

Comme disait ma mère : « Prends sur toi... » 

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