Richard Martineau Lundi, 14 décembre 2020 05:00 J’ai trois enfants (deux filles de 24 et 21 ans, et un fils de 12 ans),
je suis extrêmement heureux d’être père, mais quand je regarde dans quel monde mes enfants vont grandir, ça m’inquiète. Pas vous ?
https://www.journaldemontreal.com/2020/12/14/dans-quel-monde-vont-grandir-nos-enfants
FORREST GUMP
On se lève le matin, et on se dit : « Bon, ça va être quoi, aujourd’hui ? Quel autre mot on n’aura plus le droit de prononcer ? Quelle idée on n’aura plus le droit d’exprimer ? Quelle autre institution va se mettre à genoux devant deux ou trois militants hystériques ? Quelle autre théorie débile on va essayer de nous enfoncer dans la gorge ? »
Ça prend tout notre courage pour ouvrir le journal le matin.
Tout juste si on n’a pas besoin de verser un peu de rhum dans notre café avant de jeter un coup d’œil sur la une.
Pour reprendre le titre d’un succès du groupe Genesis, c’est « The Land of Confusion ».
C’est comme si des bûcherons effectuaient une coupe à blanc dans notre culture.
On rase tout. On déracine, on met le feu.
On sape.
Les antiracistes affirment que la race est l’alpha et l’oméga de notre identité, on taxe d’intolérants les gens qui ne tolèrent pas l’intolérable, les extrêmes grandissent en force, le centre s’effondre, on croit qu’il suffit d’interdire le mot « nain » pour mettre fin au nanisme, les gens qui ont eu le privilège de grandir dans des démocraties paisibles rêvent de révolutions violentes, la science perd du terrain au profit de la religion, des complots et des superstitions...
« La vie est une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », disait Forrest Gump.
Eh bien, ces temps-ci, on a l’impression qu’il ne reste que des chocolats périmés dans la boîte.
LE MONDE D’HIER
Je viens de lire Le monde d’hier, de Stefan Zweig, les mémoires d’un Autrichien qui décrit la vie quotidienne dans les années 30.
Ça ressemble en tous points à notre époque.
« Toute une jeunesse nouvelle ne croyait plus aux parents, aux politiques, aux maîtres ; chaque proclamation de l’État était lue d’un œil méfiant.
« D’un coup, la génération d’après-guerre s’émancipait brutalement de toutes les valeurs précédemment établies et tournait le dos à toute tradition.
« Avec elle devait commencer un monde absolument nouveau, dans tous les domaines de la vie ; et, bien entendu, cela débuta par de violentes exagérations.
« Dans les écoles, on constituait des conseils d’élèves qui surveillaient les professeurs. Le plan d’études était aboli, car les enfants ne voulaient apprendre que ce qui leur plaisait.
« On se révoltait par seul goût de la révolte contre toutes les formes établies, même contre la volonté de la nature.
« Les articles “le, la, les” furent supprimés, la construction de la phrase mise cul par-dessus tête.
« Plus un homme était jeune, moins il avait appris, plus il était bienvenu par le seul fait qu’il ne se rattachait à aucune tradition.
« Partout, les anciens, désemparés, couraient après la dernière mode. On n’avait soudain plus qu’une seule ambition : celle d’être jeune. »
LENDEMAINS DE VEILLE
Vous ne trouvez pas que ça ressemble étrangement à notre époque ?
Et qu’est-ce qu’il y a eu après les années 30 ?
La montée du fascisme et du communisme.
Bonne journée.