Paradoxe et mystère aux élections municipales : Josée Legault

Josée Legault - Dans la métropole, 35 % à peine des électeurs ont voté. En 2017, ils étaient 42 %. C’était déjà inquiétant, mais à 35 %, ça sonne carrément l’alarme.

Les résultats des élections municipales sont un véritable paradoxe doublé d’une énigme enrobée d’un mystère intrigant. Voyons pourquoi.

Le paradoxe. Pendant qu’au Québec les 3/4 de tous les candidats au poste de maire étaient encore des hommes, jamais nous n’aurons vu autant de femmes, jeunes pour la plupart, élues mairesses.

Mieux encore, cinq des plus grandes villes seront gouvernées par une femme. En plus de Valérie Plante, réélue à Montréal, Catherine Fournier à Longueuil, France Bélisle à Gatineau, Julie Dufour à Saguenay et Évelyne Beaudin à Sherbrooke.

 

Le plafond de verre, elles l’ont fracassé avec brio. La majorité d’entre elles l’ont d’ailleurs fait en prônant une philosophie plus authentique, plus rassembleuse et plus ouverte à la diversité en tout. Bravo !

L’espoir est que leur exemple finira par provoquer un effet d’entraînement jusqu’aux paliers provincial et fédéral.

L’énigme. Elle se nomme Denis Coderre. Défait par Valérie Plante il y a quatre ans seulement, pourquoi diable a-t-il plongé dans un match revanche aussi hâtif que risqué ? Mystère et boule de gomme.

L’ex-maire a changé son image et pris de la maturité à travers ses épreuves personnelles. Le politicien d’une autre époque en lui, formé à la vieille école du « moi-je-sais-tout-mais-je-ne-dis-pas-tout », s’est toutefois avéré entêté.

Comme consultant, son refus initial de divulguer ses revenus et sa liste de clients prestigieux – lesquels, s’il avait été élu maire, risquaient de le placer en conflit d’intérêts – confirmait qu’il n’avait peut-être pas changé tant que ça.

Catastrophique

Le mystère. Au moment même de l’arrivée rafraîchissante de plusieurs femmes et d’une toute nouvelle génération en politique municipale, les électeurs, eux, furent nombreux à détourner leur regard.

Dans la métropole, 35 % à peine des électeurs ont voté. Un chiffre catastrophique. En 2017, ils étaient 42 %. C’était déjà inquiétant, mais à 35 %, ça sonne carrément l’alarme.

L’effet de la pandémie et de la sortie d’une élection fédérale dont personne ne voulait y aura sûrement contribué. Il n’explique cependant pas tout.

Il est plausible qu’un tel désintérêt soit aussi en partie le produit d’un bris de confiance grandissant envers les dirigeants municipaux eux-mêmes. Particulièrement dans la grande région montréalaise.

Valérie Plante a raflé 52 % des voix, mais les deux tiers des Montréalais n’en ont pas moins boudé l’isoloir. La campagne elle-même était devenue un repoussoir. Pourquoi ?

Contraire du réel

La mairesse Plante aime vanter un Montréal qu’elle dit plus « égalitaire ». Le problème est que la réalité est aux antipodes. Là réside possiblement un autre élément venant nourrir le désintérêt.

Avec entre autres la montée criante de l’itinérance, la rareté de logements abordables et l’escalade folle des prix en immobilier, les écarts en termes de richesse et de qualité de vie ne cessent de s’élargir à Montréal.

La pandémie en fut d’ailleurs un redoutable révélateur. En cela, l’élite politique montréalaise, tous partis confondus et y compris en amont sous Denis Coderre, en porte une part de responsabilité.

Dit autrement, comment s’intéresser à la politique lorsque le discours des gens de pouvoir est en porte-à-faux à ce point avec le réel vécu par une partie croissante de la population ?

Cette fois-ci, la mairesse de Montréal, version 2.0, saura-t-elle injecter à la métropole, concrètement, une dose urgente de justice sociale ?

« Pas le temps de niaiser ! », lançait-elle hier à l’aube de son second mandat. Ne reste plus qu’à se le souhaiter.

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