Une véritable crise existentielle ronge le PLQ : Josée Legault

Josée Legault - Force est de constater qu’au PLQ, face à la popularité tenace de la CAQ, les «sauveurs» sont en rupture de stock.

Bien au-delà du conflit ouvert entre les députés Marie Montpetit et Gaétan Barrette, une véritable crise existentielle ronge le Parti libéral du Québec. 

La crise est celle d’un parti irrémédiablement déboussolé par sa défaite historique du 1er octobre 2018. Cela n’exclut pas pour autant qu’il ait aussi un problème majeur de leadership. 

Pour les punir de s’être « chicanés » sur Twitter, la cheffe Dominique Anglade leur a retiré leur rôle respectif de porte-parole – Mme Montpetit de la Santé et M. Barrette du Conseil du trésor. 

Autre brique. La Presse rapportait hier que Marie Montpetit fait l’objet d’une plainte écrite de harcèlement psychologique. D’où la raison ultime de la rétrogradation des deux députés — chacun pour des raisons différentes. 

Or, si Mme Montpetit a dû rabrouer publiquement son collègue Barrette, n’est-ce pas surtout parce que depuis des mois, Mme Anglade le laissait intervenir régulièrement dans le dossier de la Santé même s’il n’était pas le sien ?

Comme si l’ego démesuré de l’ex-ministre libéral, pourtant selon plusieurs experts l’auteur de la pire réforme en santé de l’histoire du Québec, lui aurait donné tous les droits.

Agir quand il est temps

Pour Mme Montpetit, là encore, comme le rapportait la journaliste Martine Biron, des rumeurs flottaient sur de possibles comportements inappropriés envers des employés politiques, du genre insultes et cris. 

Ces allégations sont réfutées par Mme Montpetit. Sa cheffe, à la « lumière de nouvelles révélations », lui aurait demandé hier de quitter le caucus. 

Cela dit, Mme Anglade n’aurait-elle pas pu régler ça avant et plus privément, tout en s’assurant que si problème il y avait, il cesse ? 

Même s’il est tentant de réduire ce conflit à une « chicane » de cour d’école, dont tous les partis font un jour les frais, la réalité est qu’il est l’énième symptôme d’un PLQ gravement déboussolé. 

Habitué à son retour récurrent au pouvoir depuis sa fondation en 1867, le PLQ ne s’est jamais remis de la victoire massive de la CAQ. Et à juste raison. 

 

La CAQ et le premier ministre François Legault jouissent d’un taux de popularité aussi élevé que tenace. Auprès de la majorité francophone, ils fracassent des records d’appuis. 

Le PLQ se fait même ravir les projecteurs médiatiques par Québec solidaire. C’est dire la vitesse fulgurante à laquelle les libéraux s’enfoncent dans les sables mouvants de leur insignifiance nouvelle.

Autorité morale minée

Dit autrement, l’autorité morale de Dominique Anglade sur ses troupes a beau faiblir, ses problèmes de leadership sont néanmoins loin de tout expliquer.

La résilience de la CAQ est d’une ampleur telle que les libéraux doivent même se demander qui diable d’autre, comme chef, pourrait faire mieux dans des circonstances aussi brutales pour eux.

La CAQ ne sera sûrement pas au pouvoir éternellement. Il n’en reste pas moins que dans un avenir prévisible, trouver une ou un chef d’opposition capable de la terrasser dans l’isoloir, prend des airs de mission impossible.

Force est ainsi de constater qu’au PLQ, les « sauveurs » sont nécessairement en rupture de stock. 

Pour Dominique Anglade, le conflit Montpetit-Barrette sert cependant un avertissement. Elle devra tout au moins reprendre les rênes de son caucus.  

Ce n’est pas non plus en s’autonommant critique en matière de Santé, un dossier beaucoup trop prenant pour n’importe quel chef, qu’elle réussira le mieux à sortir son parti de son stress post-traumatique de 2018.

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