Josée Legault - En 2015, dès sa première victoire électorale, alors questionné par un journaliste à savoir si son cabinet serait paritaire ou non, Justin Trudeau, nouveau premier ministre du Canada, s’y était engagé.
Il le ferait, lança-t-il sans hésitation, « parce que nous sommes en 2015 ». On se souviendra que la formule avait même fait le tour du monde. La parité hommes-femmes se doit en effet d’être un principe incontournable.
Mais attention. Même dans un cabinet paritaire avec un nombre égal de femmes et d’hommes, un premier ministre peut tout aussi bien confiner ses élues à des responsabilités moins influentes. Auquel cas, il s’agirait d’une parité de façade.
Reporté au pouvoir pour un troisième mandat, Justin Trudeau a fort heureusement pris la voie opposée. Soit celle d’une véritable parité où les femmes ministres pourront elles aussi exercer leurs responsabilités au sommet même de la pyramide du pouvoir.
Parce que nous sommes en 2021, ce temps est plus que venu. Les femmes formant un peu plus de la moitié de la population, ce serait donc une grave erreur de n’y voir qu’un geste « symbolique ».
Au gouvernement Trudeau, les ministères parmi les plus stratégiques seront dirigés par des élues. Notamment aux Finances, Conseil du Trésor, Affaires étrangères, Défense nationale, Agriculture, Emploi et Développement de la main-d’œuvre, Services publics et Approvisionnement, etc.
Mélanie Joly
Du jamais-vu jusqu’ici. La nomination de Mélanie Joly au poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères n’est pas fortuite non plus.
Depuis son arrivée en politique comme candidate à la mairie de Montréal en 2013, Mme Joly aura gravi patiemment les échelons du pouvoir.
Depuis son élection au fédéral en 2015 sous la bannière libérale, malgré des erreurs de parcours, elle a fini par se démarquer à la positive. Ce printemps, elle a livré un projet de loi audacieux visant à moderniser la Loi sur les langues officielles et à reconnaître enfin le déclin du français au pays et au Québec.
Aux Affaires étrangères, un festival entier de pots cassés l’attend cependant. Sous Justin Trudeau, le Canada a perdu beaucoup de sa visibilité et de son influence, même limitée, sur la scène internationale.
Entre autres dossiers délicats, les rapports avec la toute-puissante Chine et même avec la Maison-Blanche ont besoin d’un grand ménage.
Anita Anand
Nommée ministre de la Défense, Anita Anand hérite, elle aussi, de son lot de pots cassés à recoller. Sous l’œil distrait de son prédécesseur, les Forces armées ont croulé sous les allégations d’inconduite sexuelle.
Dans ce puissant boys’ club, le sexisme et l’omerta règnent en roi et maître. Mme Anand a toutes les qualités nécessaires pour y imprégner le changement de culture radical dont les Forces ont urgemment besoin.
Sur la question plus large de la parité au Parlement lui-même, il reste néanmoins aux partis politiques à favoriser nettement plus encore le recrutement de candidates de premier plan.
À la Chambre des communes, à peine 30 % des sièges sont occupés par des femmes. Dans un pays dit avancé comme le Canada, un tel déficit de représentativité est inquiétant.
Parce que nous sommes en 2021, il est grand temps pour les chefs de parti d’y remédier.