Josée Legault - La nouvelle est bonne. Il reste néanmoins les deux tiers à faire vacciner. Sans compter les deuxièmes doses. Bref, la lumière au bout du tunnel approche, mais pas avant quelques mois encore.
Pour atteindre l’immunité collective, il faudra vacciner au moins 80 % de la population. Or, selon l’INSPQ, à peine 68 % des travailleurs de la santé en milieu hospitalier ont reçu une première dose. Dans les CHSLD publics, ça chute à 63 % et au privé, à 57 %.
On sait pourtant depuis l’an dernier que les employés, dont les préposés aux bénéficiaires, sont des vecteurs potentiels de contagion, involontaires, mais réels.
Leur travail est exigeant et en pandémie, ultra stressant. Ils sont en effet rares à avoir les moyens de vivre en vase clos à Outremont ou Sillery. Mais pour diverses raisons, leur taux de vaccination est trop faible.
Qu’attend le gouvernement pour rendre obligatoire la vaccination des travailleurs qui sont en contact avec des patients ou des résidents de « milieux de vie », dont les CHSLD ?
Limite temporaire
Il est vrai que le droit de refuser un soin existe, mais une pandémie est une circonstance suffisamment menaçante pour le limiter temporairement. Tout comme notre liberté de circulation est limitée par un couvre-feu jugé nécessaire.
Avec raison, mon collègue Mario Dumont écrivait que la présence d’employés non vaccinés en CHSLD « joue avec la santé et la sécurité des résidents sans la moindre justification ». Chaque mot est lourd de sens.
Le même constat vaut aussi pour les autres « milieux de vie » où résident des gens vulnérables de tous âges – handicapés intellectuels, physiques, etc. Incluant les ressources intermédiaires (RI) et de type familial (RTF).
Nous, les familles de personnes handicapées, qu’elles vivent en ressources ou à la maison, avons dû revendiquer haut et fort pour qu’elles soient enfin vaccinées. Or, en RI-RTF, les préposés qui en prennent soin, comme en CHSLD, n’ont aucune obligation d’être vaccinés.
Ce sont pourtant des « milieux de vie » beaucoup plus petits. La distanciation y est impossible. Idem, souvent, pour le port du masque pour les personnes déficientes intellectuelles. Les préposés, comme en CHSLD, peuvent aussi y apporter le virus. D’où des éclosions, hospitalisations et décès.
Droit à la sécurité
Comment ces familles peuvent-elles savoir que leur enfant, frère ou sœur adulte, est en sécurité, si un ou plusieurs préposés où il réside, refusent de se faire vacciner ?
Aux États-Unis, on apprend que malgré la vaccination des résidents en soins de longue durée, des employés non vaccinés y sont à l’origine de nouvelles éclosions.
En entrevue à LCN, l’ex-ministre de la Santé, Réjean Hébert, appelle le gouvernement à se montrer coercitif : « il est inacceptable que le personnel soit le vecteur d’éclosions » dans les hôpitaux ou les « milieux de vie ».
En CHSLD ou en RI-RTF, nos compatriotes vulnérables, jeunes ou vieux, handicapés ou non, doivent avoir droit à des milieux de vie sécuritaires. Cela commande aussi de rendre la vaccination obligatoire pour les employés, dont les préposés, qu’ils soient du privé ou du public.
Comme il est même probable que des doses de rappel de vaccins soient nécessaires pour les prochaines années, raison de plus pour l’obliger dès maintenant. Et ce faisant, pour l’avenir.
Il en va du devoir de l’État de protéger pleinement ses citoyens les plus fragiles. Ne les oublions pas à nouveau.