Vaccination: urgent de peser sur l’accélérateur : Josée Legault

Josée Legault - La campagne de vaccination au Québec progresse bien. Les doses du fédéral sont au rendez-vous. Sur le plan logistique, la « machine » au Québec livre la marchandise.

Le cap de 5 millions de Québécois vaccinés d’une première dose est franchi, mais il y a un os dans la soupe. Au Québec et au Canada, 4 % seulement de la population a reçu une deuxième dose. Aux États-Unis, c’est 40 %... 

D’où l’urgence de peser sur l’accélérateur. D’ici la fin août, le gouvernement Legault s’est d’ailleurs engagé à une couverture vaccinale complète pour au moins 75 % des 12 ans et plus.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a promis hier de pousser sa « machine ». Ce jeudi, il doit annoncer comment il accélérera la deuxième dose pour les personnes vulnérables. 

De plus en plus d’experts, dont l’ex-ministre de la Santé Réjean Hébert, sonnent en effet l’alarme. Parce que ces personnes sont très à risque face à la COVID-19, ils enjoignent le gouvernement à devancer au plus vite leur deuxième dose.

C’est fait dans les CHSLD. Idem pour les RPA d’ici la fin mai. Tout dépendra maintenant de qui, parmi les autres « clientèles » vulnérables, aura droit à une seconde dose plus rapidement. 

Ne pas les oublier

En cela, il ne faudrait pas oublier les personnes handicapées intellectuelles ou physiques. Qu’elles vivent à la maison, en ressource intermédiaire (RI) ou de type familial (RTF). 

Plusieurs études l’ont prouvé – elles sont aussi plus à risque face au virus. Elles sont également plus confinées que le reste de la société depuis 14 mois déjà. 

Or, comme je l’ai déjà écrit, dans les RI-RTF, on trouve encore des préposés qui refusent le vaccin. Idem parmi ceux qui, auprès de personnes âgées ou handicapées vivant chez elles, leur prodiguent des soins à domicile.

Ils ne seraient pas soumis non plus au décret ministériel obligeant les employés de la santé en contact avec des personnes fragiles à se faire tester régulièrement lorsqu’ils refusent le vaccin.  

De fait, une telle situation peut mettre en danger la santé des résidents. Aux États-Unis et au Canada, on répertorie des cas de contagion en « milieux de vie » de personnes fragiles, provoqués par des employés non vaccinés. 

Devoir de protection

Or, le gouvernement refuse d’imposer la vaccination à tout employé venant en contact direct avec des personnes vulnérables. La semaine dernière, mon collègue Yves Boisvert, de La Presse, rappelait pourtant ceci. 

Il existe un droit de refuser un soin, dont un vaccin, mais il existe aussi un précédent qui, datant de 2008, viendrait le limiter. Je le cite.

Dans la région de Rimouski, « des employés d’un CHSLD avaient été suspendus sans solde pour 72 heures pour avoir refusé le vaccin contre la grippe. [...] Le syndicat a contesté [...], mais a perdu devant l’arbitre, puis devant la Cour supérieure. On peut refuser le vaccin, mais on ne peut pas être payé chez soi parce qu’on devient trop dangereux pour les patients ».

Employés non vaccinés = trop dangereux pour les patients. L’équation est claire. Raison de plus, en pandémie mondiale (!), pour obliger la vaccination du personnel venant en contact direct avec des personnes vulnérables. 

Hier, en France, l’Académie nationale de médecine recommandait même qu’elle soit obligatoire pour toutes les professions essentielles, incluant la santé.

À défaut de quoi, les personnes vulnérables devraient recevoir leur deuxième dose plus rapidement. Il en va de leur protection. De toute évidence, la « machine » vaccinale du ministre Dubé en est amplement capable.

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