Josée Legault - La multiplication des variants de la COVID-19, encore plus contagieux, n’augure rien de bon.
Au Québec,l’annonce d’assouplissements à l’extérieur de la grande région métropolitaine et de ses couronnes, inquiète aussi.
À Montréal, le danger réel est que d’ici quelques semaines, le plateau actuel de cas cède le pas à une troisième vague aux contours imprévisibles. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, dit en effet que nous sommes face au proverbial « calme avant la tempête ».
En France, on parle plutôt en termes de « lune de miel ». Laquelle, à cause des variants et d’une vaccination trop lente, s’annoncerait courte.
Au Québec, jusqu’à maintenant et en moyenne, on ne vaccine pas plus de 15 000 personnes par jour. Au pays, les vaccins ont beau arriver lentement, ce rythme est néanmoins insuffisant. Du moins, si la vaccination doit contribuer le moindrement à ralentir l’arrivée possible d’une troisième vague.
D’où aussi la nécessité de réviser rapidement l’ordre des groupes dits prioritaires pour la vaccination. La semaine dernière, j’expliquais en détail pourquoi les adultes déficients intellectuels, très vulnérables, mais relégués au 8e rang sur 10, doivent être nettement mieux priorisés.
Lenteur navrante
Au gouvernement Trudeau, quoiqu’il y ait une certaine amélioration récente, la lenteur dans l’arrivée des vaccins demeure navrante. Elle met des vies en danger et repousse d’autant toute relance économique.
Selon le palmarès quotidien de Bloomberg, parmi les pays recensés, le Canada continue de faire piètre figure. En date du 4 mars, le Canada traîne de la patte. En nombre de doses administrées par 100 habitants, son taux est à peine de 5,52.
Inquiétant ? Pour un pays riche du G7, c’est peu dire. Toute comparaison étant imparfaite, il n’en reste pas moins qu’en Grande-Bretagne, ce taux est de 32,34. Aux États-Unis, de 24,87. En Serbie, de 21,98. Au Chili, de 19,71. Au Maroc, de 11,54. Au Danemark, de 11,25. Etc.
Le gouvernement Trudeau peine à sécuriser des livraisons de vaccins régulières, suffisantes et rapides. On aura beau blâmer la disparition au pays d’une industrie capable d’en faire la production ici même, d’autres pays dans une situation semblable font mieux que nous.
Dommages collatéraux
Après un an de pandémie, la difficulté au pays de recevoir suffisamment de doses pour procéder à une véritable vaccination de masse, provoque de nombreux dommages collatéraux.
Problèmes croissants en santé mentale. Hausse de consommation d’alcool et de drogues. Montée de la violence contre les femmes et les enfants. Pertes d’emplois non récupérés. Etc.
À l’autre extrême, des Canadiens mieux nantis font monter en flèche les prix en immobilier. Par ricochet, cela pénalise ceux qui, soudainement, n’ont plus les moyens d’accéder à la propriété ou même de se trouver un logement décent.
Les uns s’enrichissent, les autres s’appauvrissent. Comme le dit la chanson, le monde est fou...
Bref, le temps court pour une vaccination de masse. Une vraie. Pour sortir la tête du foutu tunnel. En attendant, un respect plus rigoureux encore des consignes sanitaires, dont le port du masque et la distanciation, est de mise.
Une seule chose est sûre. On ne badine pas avec les variants de cette saloperie de virus.