Josée Legault - Tant que la population ne sera pas très majoritairement vaccinée à deux doses, incluant les moins de 18 ans, la patience et la prudence restent des armes essentielles.
Depuis quatorze mois que la fameuse lumière au bout du tunnel se fait cruellement attendre. Une pandémie meurtrière et capable de tout stopper sur son chemin pour aussi longtemps ? Qui l’eût cru en mars 2020 au moment où l’on se dessinait des arcs-en-ciel pour se faire croire que « ça va bien aller ».
Eh bien non. Ça ne s’est pas bien passé du tout. Au bout de quelques mois de confinement, un premier trou dans les nuages est apparu. Les vaccins. Un miracle de la science.
Puis, hier, l’annonce tant attendue du premier ministre François Legault. Une feuille de route. Enfin. Vers un retour éventuel à la « normalité ». Un déconfinement progressif d’ici la fin de l’été.
Ayant appris des annonces mal ficelées précédant Noël, cette fois-ci, le « plan » est équilibré. Grâce à l’avancement de la vaccination et la discipline d’une majorité de Québécois, de plus en plus d’activités, encadrées pour un temps à des fins de sécurité sanitaire, seront permises par étapes.
Un déconfinement étapiste
Pour la suite des choses, l’étapisme du déconfinement s’annonce vital. Qu’on le veuille ou non, tant que la population ne sera pas très majoritairement vaccinée à deux doses, la patience et la prudence resteront des armes essentielles.
Et c’est précisément de là qu’est venue la surprise. La vraie. M. Legault s’engageant à ce que d’ici la fin août, au moins 75 % des Québécois de 12 ans et plus aient reçu leurs DEUX doses de vaccin. Avant, on s’attendait à ce que ça s’étire jusqu’en octobre. La différence est notoire.
On le dit depuis le début de ce cauchemar. LA clé pour sortir de la pandémie, en plus des mesures sanitaires, c’est la vaccination. Que les sceptiques restants soient confondus.
Pour le gouvernement Legault, la commande sur le plan logistique est majeure. Premier défi : en plein été, durant les vacances, convaincre au moins 75 % des gens de 12 ans et plus de se faire vacciner par deux doses.
Second défi : s’assurer d’une organisation capable de livrer cette marchandise dans les temps voulus. Jusqu’ici, ça fonctionne rondement. Mais la nouvelle commande de M. Legault pour la fin août appelle une accélération sérieuse de toute l’opération vaccinale.
Pour une vaccination équitable
Et ce, toutes régions, tous quartiers, communautés et classes sociales confondus. Car derrière les statistiques générales sur la vaccination se cachent des inégalités inquiétantes entre ceux-ci.
Si le gouvernement entend atteindre une immunité collective qui soit équitable sur le plan social, il devra aussi presser le pas dans les quartiers et les groupes où les taux sont plus bas.
D’ici là, on ne s’en sort pas. Il faut continuer à porter le masque dans les lieux publics clos. Limiter nos contacts. Se faire vacciner par deux doses. Etc. En pandémie, ce sont des devoirs citoyens.
Le gouvernement devra aussi rendre les tests rapides de détection de la COVID-19 beaucoup plus largement accessibles. Pour combien de temps encore toute cette prudence ?
Réponse courte : un horizon se dessine enfin et il se rapproche. Ce serait vraiment absurde d’échapper le ballon de la liberté promise par manque de patience et de prudence dans les derniers milles.
Car cette pandémie, doit-on le rappeler, est mondiale. Les frontières rouvriront un jour pendant que les pays pauvres peinent encore à vacciner leurs populations. Et les variants n’ont sûrement pas encore dit leur dernier mot.