Josée Legault - Le racisme systémique anti-autochtone au Canada, dont le Québec, est un phénomène archidocumenté.
Selon le rapport accablant de la coroner Géhane Kamel, il a même contribué au décès de Joyce Echaquan sous les insultes racistes du personnel d’un hôpital de Joliette.
Le premier ministre François Legault choisit néanmoins de nier son existence. L’espoir étant que cela n’endommage pas trop le dialogue déjà entamé entre son gouvernement et les Premières Nations.
Hier, j’ai fait l’analyse du rapport de la coroner. Parce qu’elles nous interpellent tous, deux des réponses les plus signifiantes données mardi par Me Kamel en conférence de presse méritent aussi qu’on s’y arrête.
Héritage
Lorsqu’une journaliste lui demande ce qu’elle avait trouvé de plus difficile en rédigeant son rapport, Me Kamel a répondu ceci :
« D’imaginer que les derniers moments de sa fille auprès de sa maman ont été pour la réconforter en atikamekw. [...] J’espère que ce qu’on retiendra de cette grande enquête, c’est que Joyce, par sa mort, nous a laissé un héritage extrêmement important. [...] Si j’avais un seul appel à faire, c’est comme société, pouvons-nous, au nom de son conjoint, pour ses enfants, pour cette nation autochtone, faire en sorte de se tendre la main. Si on avait compris ne serait ce que ça de mon rapport, je vais sortir d’ici grandie. »
Rigueur
À un journaliste autochtone, Géhane Kamel y est allée de ce message :
« L’espoir que j’ai, c’est qu’il y a un éveil collectif. Je sens ça. Je veux y croire. Que Joyce a fait en sorte que c’est un électrochoc pour nous tous. De voir une femme mourir sur son lit d’hôpital et se filmer comme son dernier message à cette société, j’espère que chacun de nous, pas simplement le gouvernement, partira d’ici en se disant : j’ai un examen de conscience à faire et qu’il est temps que je tende la main. »
Je ne sais pas si Me Kamel a outrepassé ou non son mandat de coroner, mais même si elle l’avait fait, une chose est sûre. Personne ne pourra nier la rigueur de son enquête ni le courage de son invitation, bien au-delà des mots, à tendre la main...