Josée Legault Mardi, 15 décembre 2020 05:00 - Chacun d’entre nous a le pouvoir de se responsabiliser dans la mesure de ses propres conditions de vie
Pour le temps des Fêtes, le premier ministre François Legault doit annoncer un nouveau semi-confinement. Dans l’attente d’une vaccination élargie de la population, l’objectif est de réduire le nombre de contacts dans l’espoir d’éviter une deuxième vague d’autant plus lourde, en janvier.
En entrevue hier au 98.5 FM, il disait vouloir s’inspirer de la chancelière allemande, Angela Merkel. Dimanche, elle décrétait la fermeture de tous les commerces non essentiels, en plus des écoles et garderies, du 10 décembre au 10 janvier.
En Allemagne comme ici, la transmission communautaire de la COVID-19 est majeure et les principaux lieux d’éclosion sont les écoles et les lieux de travail. Au Québec, un quart des éclosions actives provient aussi des « milieux de vie et de soins » - CHSLD, RPA, etc.
Dans un tel contexte, les commerces non essentiels, ou une partie d’entre eux, sont-ils vraiment des milieux qu’on devrait fermer à nouveau, même temporairement ? Si le but est de réduire les contacts coûte que coûte, quels qu’ils soient, la réponse est possiblement oui.
L’inspiration allemande
Si le premier ministre Legault s’inspire de l’Allemagne, ce n’est pas un hasard. Contrairement au Québec, la gestion de la première vague par la chancelière Merkel fut d’une efficacité redoutable. Pour la deuxième vague, beaucoup moins.
Comme au Québec, l’automne allemand, marqué par la réouverture des activités commerciales et scolaires, a multiplié les cas de COVID-19 et les décès. Dans le déconfinement, le relâchement d’une part croissante des populations face aux consignes sanitaires a fait le reste.
Depuis la rentrée de septembre, le même phénomène sévit à travers l’Occident. Le Québec tarde néanmoins à agir sur d’autres fronts. La sous-utilisation de tests rapides pourtant homologués par Santé Canada étonne en effet.
Documentée par des experts mondiaux depuis l’été, le refus de la Santé publique du Québec de reconnaître franchement la transmission possible du virus par aérosols dans des milieux clos mal ventilés est inquiétant.
Réduire nos contacts
Dans notre territoire hivernal, où nous vivrons la quasi-totalité des prochains mois à l’intérieur, incluant pour les écoles, CHSLD, entreprises, etc., cet entêtement de la Santé publique échappe à l’entendement.
Selon plusieurs experts, procéder enfin à des dépistages systématiques de personnes asymptomatiques, y compris en milieux scolaires et de travail, aiderait aussi à ralentir la progression du virus.
Ignorant qu’elles sont contagieuses, elles sont des vecteurs importants de propagation communautaire de la COVID-19. Les dépister permettrait de les isoler rapidement.
En entrevue sur LCN, l’épidémiologiste Nimâ Machouf rappelait d’ailleurs qu’il y aurait « une dizaine de personnes asymptomatiques atteintes de la COVID-19 pour chaque cas positif déclaré » au Québec. C’est vraiment beaucoup.
On verra ce que le premier ministre annoncera aujourd’hui, mais une chose est sûre. Nonobstant de nouvelles restrictions, chacun d’entre nous a le pouvoir de se responsabiliser dans la mesure de ses conditions de vie.
Les plus de 7000 femmes et hommes du Québec déjà happés par la COVID-19, sans compter autant de familles endeuillées, nous le rappellent brutalement.
Noël ou pas, ne les oublions pas. Quand on a la chance d’être en vie, la moindre des choses est de réduire nos contacts, de porter le masque et de garder nos distances.