Sophie Durocher Lundi, 17 mai 2021 05:00 - Alors, avez-vous hâte de savoir à quoi ressemblera le plan de déconfinement du Québec ?
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Je ne suis pas croyante, mais s’il fallait que je monte à genoux les marches de l’Oratoire Saint-Joseph pour que ma prière soit entendue, je le ferais : je « prie » pour que le Dr Arruda (au provincial) soit moins sévère que Dr Tam (au fédéral). Dans le milieu culturel, il faut qu’on puisse recommencer à respirer, ça presse !
ATMOSPHÈRE, ATMOSPHÈRE
J’ai eu un gros coup de déprime quand j’ai vu l’annonce du fédéral sur le déconfinement. Comment ça, les rassemblements et les activités à l’intérieur ne seront pas permis avant l’automne ? L’automne, misère !
Je me sentais comme un enfant à qui l’on aurait dit : « Mange tes brocolis si tu veux du dessert » et qui, après avoir avalé tous ses légumes verts, se fait dire : « Finalement, tu auras du dessert seulement la semaine prochaine » !
Je comprends qu’il ne faut pas faire comme la Floride et jeter nos masques à la poubelle. Mais j’espère vraiment que Dr Arruda va assouplir les règles de distanciation dans les salles de spectacles (qui sont passées de 1,5 mètre à 2 mètres) qui les ont forcées à couper considérablement dans leur capacité d’accueil.
Depuis la réouverture des salles de spectacle, je suis allée voir Le vrai monde ?, au Rideau-Vert (formidable mise en scène d’Henri Chassé) ; Bouleversement, à l’Agora de la danse (bouleversante Estelle Clareton) ; MOB, au Centaur (excellente adaptation anglaise de La Meute de Catherine-Anne Toupin) ; L’avalée des avalés, au TNM (exceptionnelle Sarah Laurendeau) ; et La renarde et le mal peigné, au TNM (où tous les spectateurs ont été accueillis par les applaudissements de Lorraine Pintal et du personnel du théâtre).
Dans chacun des cas, la distanciation faisait en sorte que la salle était clairsemée. Les spectateurs avaient l’air de pissenlits parsemés sur un gazon au printemps. Je me sentais comme dans la chanson de Jim Corcoran : « Et nous voilà étrangers / Perdus dans le même décor / Morcelés, mal et frissonnants / Incapables du plus simple toucher ».
Je trouve les danseurs et comédiens bien bons d’avoir été aussi enthousiastes et professionnels devant des salles aux trois quarts vides. Mais, pour tout vous dire, j’ai trouvé l’ambiance sinistre dans ces salles remplies de spectateurs aux visages anonymes, éloignés les uns des autres, bien loin de la « communion » habituelle dans ces lieux de divertissement.
Le gouvernement ne peut pas à la fois refuser le passeport vaccinal (qui aurait donné un accès total aux salles de spectacles pour les gens ayant reçu les deux vaccins) et maintenir les règles actuelles de distanciation sociale dans les salles de spectacles (alors qu’on est si nombreux à avoir été vaccinés).
RECTIFICATIF
Dans ma chronique de vendredi, j’ai attribué la chanson Si on s’y mettait à Yvon Deschamps, alors qu’elle est – bien sûr – de Jean-Pierre Ferland. Une erreur d’inattention de ma part, dont je m’excuse sincèrement auprès de Jean-Pierre, mon ami, dont j’ai écrit la biographie Hey Boule de gomme, s’rais-tu dev’nu un homme ?.
J’espère que ce n’est pas un effet secondaire de l’AstraZeneca, nous faire perdre la mémoire et confondre Deschamps et Ferland...