Chéri, j’ai réduit la salle! - Sophie Durocher

Sophie Durocher Lundi, 12 avril 2021 05:00 - Est-ce que les arts vivants vont survivre à cette pandémie ?

https://www.journaldemontreal.com/2021/04/12/cheri-jai-reduit-la-salle

Le gouvernement a d’abord décrété qu’il devait y avoir 1,5 mètre entre les sièges des salles de spectacles. Puis on est passé de 1,5 mètre à deux mètres. Puis, on a ramené le couvre-feu à 20 h.

Voir un spectacle à 17 h 30, à 22 dans une salle, entourés de sièges vides, en portant le masque pendant deux heures de temps : coudonc, veut-on vraiment que les gens aillent encore voir des spectacles ?

Un casse-tête et des maux de tête

Quand j’ai vu, la semaine dernière, qu’on demandait au milieu du spectacle de réduire encore sa capacité d’accueil en plus de chambouler tout son horaire de présentation, j’ai trouvé que le gouvernement poussait un peu fort.

Par exemple, un théâtre qui accueille en temps « normal » 426 personnes était passé à 130 sièges avec la pandémie, puis à seulement 90 personnes avec les nouvelles mesures.

Quand j’ai pris connaissance des nouvelles règles, j’ai pensé aux paroles du Monologue shakespearien, la chanson de Vincent Delerm : « Pourtant la mise en scène était pas mal trouvée / Pas de décor pas de costumes c’était une putain d’idée / Aucune intonation et aucun déplacement / On s’est dit pourquoi pas aucun public finalement ».

Quand les salles ont rouvert leurs portes, je me suis procuré un billet pour Mob, la version anglaise de La meute de Catherine-Anne Toupin au Centaur. Cette salle de 216 personnes n’en accueillait plus que 36 !

On avait demandé aux détenteurs de billets de se présenter 30, 20 ou 10 minutes à l’avance selon leur rangée, pour être sûr que personne ne se croiserait dans le lobby.

Une employée nous a remis chacun un masque que nous devions porter pendant toute la représentation.

On nous a informés, avant le début de la pièce, que les comédiens avaient été testés pour la COVID et que tous les sièges allaient être aseptisés après notre passage. Après la pièce, on a dû sortir rangée par rangée pour éviter de se croiser. On avait l’impression d’assister à une opération chirurgicale plus qu’à un divertissement !

Il y avait quasiment plus de personnel à l’accueil, en coulisses et sur scène que de spectateurs dans la salle.

Pourquoi toutes ces mesures ? Y a-t-il une seule salle au Québec qui est associée à une éclosion qui ressemblerait de près ou de loin au Méga Fitness Gym du désormais célèbre Dan Marino ?

On est à boutte !

À QUB radio, David Laferrière, de l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles, m’a dit au sujet des nouvelles mesures : « C’est un casse-tête qui cause des maux de tête ».

Il a surtout peur que des spectateurs ne remettent plus jamais les pieds dans une salle.

Quand tu as acheté des billets pour un événement en mars 2020 qui a été remis en octobre 2020, qui a été remis en avril 2021, puis que tu te fais dire qu’on doit changer la date de la représentation parce qu’il n’y a plus de place pour toi, puis qu’on change l’heure de la représentation... il y a des chances que tu te tannes.  

Après la pandémie de coronavirus, j’ai peur qu’il y ait une pandémie de « Chérie, on reste à la maison ».

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