Les gens qui lisent sont dangereux - Sophie Durocher

Sophie Durocher Vendredi, 4 décembre 2020 05:00 - Un premier ministre ne lit pas : c’est un inculte !

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/04/les-gens-qui-lisent-sont-dangereux

Un premier ministre lit en pleine pandémie : c’est un paresseux, qu’il se concentre sur des choses sérieuses !

Un premier ministre lit des romans : il est superficiel, qu’il lise donc des essais !

Un premier ministre lit des essais : c’est un dangereux démagogue, populiste qui veut nous imposer sa sale idéologie !

Coudonc, branchez-vous, bordel !

CACHEZ CE LIVRE QUE JE NE SAURAIS VOIR

Il s’en est dit des niaiseries et des énormités depuis la décision de l’Association des libraires de censurer partiellement les choix de lectures de François Legault. Voici les cinq déclarations les plus étonnantes, décourageantes, surprenantes que j’ai notées depuis dimanche.

1. À l’émission Tout un matin, le chroniqueur Fred Savard a laissé entendre que les choix de lectures de François Legault avaient été faits par « la garde rapprochée » du PM qui aurait « établi le palmarès », après « plusieurs réunions ».

Et il a déclaré que s’il y avait un Noir (Dany Laferrière, L’énigme du retour) et un Autochtone (Michel Jean, Kukum) parmi les auteurs recommandés, c’était sûrement une opération de relations publiques pour que monsieur Legault puisse clamer « Je ne suis pas raciste ».

2. Sur Facebook, Fabrice Vil a écrit que l’ALQ n’aurait jamais dû inviter M. Legault parce que : « Il en a profité pour aller bien au-delà de partager ses choix littéraires. Il a utilisé l’ALQ pour promouvoir sa plateforme politique et idéologique ».

Un politicien qui fait de la politique ? Mais quel scandale ! Il aurait fallu que M. Legault s’en tienne à recommander des romans consensuels et des bandes dessinées ?

Catherine Dorion, de Québec solidaire, a elle aussi participé cette année aux « prescriptions littéraires » de l’ALQ.  

C’est bizarre : personne ne lui a reproché de promouvoir sa « plateforme idéologique ».

3. Un collectif de quelque 230 auteurs et libraires a signé une lettre dénonçant la « banalisation du racisme ».

En gros, si vous n’adhérez pas à la notion de « racisme systémique », c’est que vous êtes raciste, donc monsieur Legault est raciste et les auteurs qu’il cite et qui remettent en question le racisme systémique sont également racistes. (Vous voyez comme tout est simple dans le pays Woke.)

Les signataires de la lettre vont même jusqu’à dire que les choix de livres du PM « contribuent à la normalisation des discours haineux contre les personnes racisées ».

Rien que ça ?

4. À l’émission de Pénélope McQuade, Marc Cassivi a déclaré : « Ce qui m’exaspère, c’est que ça donne des munitions à ceux qui disent “On ne peut plus rien dire”. »

Hum... Un premier ministre se fait museler, un auteur se fait museler, mais quand on dénonce ce muselage... on se fait dire qu’on exagère ?

5. À cette même émission, Marc Cassivi a conclu en disant : « Je comprends Mathieu Bock-Côté d’avoir fait du millage là-dessus, c’est de bonne guerre. Mais à un moment donné, sa position de martyr de la liberté d’expression, quatre jours plus tard, ça suffit, là ! »

J’imagine donc que si le chroniqueur/animateur était la cible d’attaques incessantes, si un de ses livres était démonisé, il prendrait le tout avec calme et bienveillance.

Et je suis certaine qu’après 24 h, il n’en parlerait plus...

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