«La noyade démographique du peuple québécois» - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté - 100 millions de Canadiens pour 2100 : en 2016, des conseillers de Justin Trudeau avaient lancé cette proposition.

https://www.journaldemontreal.com/2021/04/07/la-noyade-demographique-du-peuple-quebecois

Ils en appelaient donc à une augmentation radicale des seuils d’immigration.

Il y a quelques jours, cette proposition est revenue par la bouche de Brian Mulroney, qui est pourtant un homme honorable.

Cette vision est manifestement celle de l’establishment canadien. Le Canada se rêve en grande puissance mondiale.

IMMIGRATION

Petit souci, toutefois : cette proposition ne se concrétiserait-elle que partiellement qu’elle entraînerait la noyade démographique du peuple québécois, qui serait transformé définitivement en minorité ethnique insignifiante au Canada. L’idéologie multiculturaliste conjuguée à cette révolution démographique le balayera de l’histoire pour de bon.

Cette proposition devrait susciter une levée de boucliers au Québec : ses capacités d’intégration ne sont pas infinies.

Hélas, ce n’est pas le cas. Notre insouciance légendaire nous paralyse mentalement alors même que l’immigration massive est la cause principale de la dynamique d’anglicisation.

Même les nationalistes sont timides quand vient le temps d’en parler !

Il faut dire qu’une mouvance idéologique déloyale au Québec plaide ouvertement pour une hausse des seuils d’immigration. Elle est à l’offensive actuellement.

On le voit avec la droite patronale, qui ressort la propagande usée de la pénurie de main-d’oeuvre, qui répond en fait à un désir de cheap labor.

Il serait temps de relire Le remède imaginaire, de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, et Disparaître, de Jacques Houle, qui ont taillé en pièces cet argument.

Quand l’économie va bien, on nous explique qu’on doit hausser les seuils d’immigration pour l’alimenter. Quand elle va mal, on nous explique qu’il faut les hausser pour la relancer.

En gros, il faut toujours hausser les seuils d’immigration. Il s’agit d’un dogme idéologique.

Sans surprise, le PLQ est favorable à cette idée. L’immigration massive est une richesse électorale pour le PLQ qui mise sur elle pour verrouiller

Un pays n’est pas une abstraction statistique.

démographiquement l’avenir politique du Québec et sceller son emprise sur le Québec.

Mais ce n’est pas le pire.

Pour faire céder les Québécois, on leur explique qu’ils doivent consentir à l’immigration massive pour conserver leur poids politique et démographique dans la fédération.

On nous prend pour des idiots. Ainsi, pour assurer le poids du Québec dans la fédération, il faudrait consentir à la diminution du poids des Québécois francophones au Québec.

Faisons fonctionner notre imagination.

Si à la suite d’une vague d’immigration massive de Portugais et d’irlandais, les Suédois devenaient minoritaires en Suède, cette dernière serait-elle encore la Suède ?

Si la Catalogne se peuplait d’une majorité d’espagnols non catalans, est-ce que la Catalogne serait encore la Catalogne ?

LÉVESQUE

Un pays n’est pas une abstraction statistique. C’est l’expression politique d’un peuple qui peut accueillir à condition qu’on respecte ses capacités d’accueil.

En 1970, René Lévesque disait qu’il y avait au Canada deux ministères de l’immigration : un à Ottawa, pour nous noyer, et un à Québec, pour enregistrer la noyade.

C’est encore plus vrai aujourd’hui. À terme, les Québécois francophones seront condamnés à l’impuissance chez eux et à la dilution pour de bon.

Pourrait-on imaginer un meilleur argument pour l’indépendance ?

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